l'affreux mensonge de la valeur
nominale, qui ruinait la republique et les particuliers payes en papier.
Il fallait revenir a la proposition, deja faite, de reduire les
assignats. On avait rejete la proposition de les reduire au cours de
l'argent, parce que les Anglais, disait-on, regorgeant de numeraire,
seraient maitres du cours; on n'avait pas voulu les reduire au cours du
ble, parce que le prix des grains avait considerablement augmente; on
avait refuse de prendre le temps pour echelle, et de reduire chaque mois
le papier d'une certaine valeur, parce que c'etait, disait-on, le
demonetiser et faire banqueroute. Toutes ces raisons etaient frivoles;
car, soit qu'on choisit l'argent, le ble, ou le temps, pour determiner
la reduction du papier, on le demonetisait egalement. La banqueroute ne
consistait pas a reduire la valeur de l'assignat entre particuliers, car
cette reduction avait deja eu lieu de fait, et la reconnaitre, ce
n'etait qu'empecher les vols; la banqueroute eut consiste plutot dans le
retablissement de la vente des biens aux encheres. Ce que la republique
avait promis, en effet, ce n'etait pas que les assignats valussent telle
ou telle somme entre particuliers (cela ne dependait pas d'elle), mais
qu'ils procurassent telle quantite de biens; or, en etablissant
l'enchere, l'assignat ne procurait plus une certaine quantite de biens;
il devenait impuissant a l'egard des biens comme a l'egard des denrees;
il subissait la meme baisse par l'effet de la concurrence.
On chercha une autre mesure que l'argent, le ble ou le temps, pour
reduire l'assignat; on choisit la quantite des emissions. Il est vrai,
en principe, que l'augmentation du numeraire en circulation fait
augmenter proportionnellement le prix de tous les objets. Or, si un
objet avait valu un franc, lorsqu'il y avait deux milliards de
numeraire en circulation, il devait valoir deux francs lorsqu'il y avait
quatre milliards de numeraire, trois lorsqu'il y en avait six, quatre
lorsqu'il y en avait huit, cinq lorsqu'il y en avait dix. En supposant
que la circulation actuelle des assignats s'elevat a dix milliards, il
fallait payer aujourd'hui cinq fois plus que lorsqu'il n'y avait que 2
milliards. On etablit une echelle de proportion, a partir de l'epoque ou
il n'y avait que 2 milliards d'assignats en circulation, et on decida
que, dans tout paiement fait en assignats, on ajouterait un quart en sus
par chaque 500 millions ajoutes a la circulation. Ainsi, un
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