Jean-Jean, debarques
aux environs de Quimper, avaient trouve des ordres semblables; les chefs
s'etaient divises, et, voyant ce conflit d'ordres et de projets, leurs
soldats, deja mecontens, s'etaient disperses. C'est ainsi qu'aucun des
corps envoyes par Puisaye, pour faire diversion, n'etait arrive au
rendez-vous. L'agence de Paris, avec ses projets, avait aussi prive
Puisaye des cadres qu'elle retenait sur la cote du nord, des deux
detachemens qu'elle avait empeches de se rendre a Baud le 14, et enfin
du concours de tous les chefs auxquels elle avait signifie l'ordre de ne
faire aucun mouvement.
Renferme dans Quiberon, Puisaye n'avait donc plus aucun espoir d'en
sortir pour marcher en avant; il ne lui restait qu'a se rembarquer,
avant d'y etre force par la famine, pour aller essayer une descente plus
heureuse sur une autre partie de la cote, c'est-a-dire en Vendee. La
plupart des emigres ne demandaient pas mieux; le nom de Charette leur
faisait esperer en Vendee un grand general a la tete d'une belle armee.
Ils etaient charmes d'ailleurs de voir la contre-revolution operee par
tout autre que Puisaye.
Pendant ce temps, Hoche examinait cette presqu'ile, et cherchait le
moyen d'y penetrer. Elle etait defendue en tete par le fort Penthievre,
et sur les bords par les escadres anglaises. Il ne fallait pas songer a
y debarquer dans des bateaux; prendre le fort au moyen d'un siege
regulier etait tout aussi impossible, car on ne pouvait y arriver que
par la Falaise, toujours balayee par le feu des chaloupes canonnieres.
Les republicains, en effet, n'y pouvaient pas faire une reconnaissance
sans etre mitrailles. Il n'y avait qu'une surprise de nuit ou la famine
qui pussent donner la presqu'ile a Hoche. Une circonstance le determina
a tenter une surprise, quelque perilleuse qu'elle fut. Les prisonniers,
qu'on avait enroles presque malgre eux dans les regimens emigres,
auraient pu etre retenus tout au plus par le succes; mais leur interet
le plus pressant, a defaut de patriotisme, les engageait a passer du
cote d'un ennemi victorieux, qui allait les traiter comme deserteurs
s'il les prenait les armes a la main. Ils se rendaient en foule au camp
de Hoche, pendant la nuit, disant qu'ils ne s'etaient enroles que pour
sortir des prisons, ou pour n'y pas etre envoyes. Ils lui indiquerent un
moyen de penetrer dans la presqu'ile. Un rocher etait place a la gauche
du fort Penthievre; on pouvait, en entrant dans l'eau jusqu'a la
poitri
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