CRETS D'ARRESTATION CONTRE FOUQUIER-TINVILLE,
LEBON, ROSSIGNOL, ET AUTRES AGENS DE LA DICTATURE; SUSPENSION DU TRIBUNAL
REVOLUTIONNAIRE; ELARGISSEMENT DES SUSPECTS.--DEUX PARTIS SE FORMENT, LES
MONTAGNARDS ET LES THERMIDORIENS.--REORGANISATION DES COMITES DE
GOUVERNEMENT.--MODIFICATION DES COMITES REVOLUTIONNAIRES.--ETAT DES
FINANCES, DU COMMERCE ET DE L'AGRICULTURE APRES LA TERREUR.--ACCUSATION
PORTEE CONTRE LES MEMBRES DES ANCIENS COMITES, ET DECLAREE CALOMNIEUSE PAR
LA CONVENTION.--EXPLOSION DE LA POUDRIERE DE GRENELLE.--EXASPERATION DES
PARTIS.--RAPPORT FAIT A LA CONVENTION SUR L'ETAT DE LA FRANCE.--NOMBREUX ET
IMPORTANS DECRETS SUR TOUTES LES PARTIES DE L'ADMINISTRATION.--LES RESTES
DE MARAT SONT TRANSPORTES AU PANTHEON ET MIS A LA PLACE DE CEUX DE
MIRABEAU.
Les evenemens des 9 et 10 thermidor repandirent une joie que plusieurs
jours ne purent calmer. L'ivresse etait generale. Une foule de gens, qui
avaient quitte leur province pour se cacher a Paris, se jetaient dans les
voitures publiques pour aller annoncer chez eux la nouvelle de la commune
delivrance. On les arretait partout sur les routes, pour leur demander des
details. En apprenant ces heureux evenemens, les uns rentraient dans les
demeures qu'ils avaient quittees depuis long-temps; les autres, ensevelis
dans des caches souterraines, osaient reparaitre a la lumiere. Les detenus
qui remplissaient les nombreuses prisons de la France, commencaient a
esperer la liberte, ou du moins cessaient de craindre l'echafaud.
On ne s'expliquait pas encore bien la nature de la revolution qui venait de
s'operer; on ne se demandait pas jusqu'a quel point les membres survivans
du comite de salut public etaient disposes a persister dans le systeme
revolutionnaire, jusqu'a quel point la convention etait disposee a entrer
dans leurs vues; on ne voyait, on ne comprenait qu'une chose, la mort de
Robespierre. C'etait lui qui avait ete le chef du gouvernement; c'est a lui
qu'on imputait les emprisonnemens, les executions, tous les actes enfin de
la derniere tyrannie. Robespierre mort, il semblait que tout devait
changer, et prendre une face nouvelle.
A la suite d'un grand evenement, l'attente publique devient un besoin
irresistible qu'il faut satisfaire. Apres deux jours consacres a recevoir
les felicitations, a ecouter les adresses ou chacun repetait _Catilina
n'est plus, la republique est sauvee_, a recompenser les actes de courage,
a voter des monumens pour rendre immortelle
|