tant vous hater. Pourquoi ne pas
remettre cette affaire jusqu'apres votre voyage a Paris? La, vous
pourriez ouvrir les yeux sur beaucoup d'inconvenients que vous ne vous
etes peut-etre pas signales. Si, par promesse ou par devoir, vous
etiez engage de maniere a ne pas revenir sur vos pas, du moins
seriez-vous en garde contre l'avenir, et mieux prepare a le braver
courageusement.
Dans tout cela, c'est votre precipitation qui m'inquiete. Vous
obeissez, j'en suis sure, a d'austeres principes, a de nobles
sentiments. Ce n'est donc pas avec ironie ou avec durete que je vous
juge. Je ne vous juge pas, mon enfant. Seulement je me tourmente de
votre position. Il est possible que ce parti vous reussisse, il est
possible aussi qu'il vous rende malheureux. Cette pensee ne vous
ferait pas reculer devant l'accomplissement d'un devoir, je le sais
bien. Mais, si, en voulant faire le bonheur d'une autre personne, vous
ne reussissiez qu'a aggraver sa situation! Cela s'est vu souvent; le
mariage est un etat si contraire a toute espece d'union et de bonheur,
que j'ai peur avec raison.
Si vous avez pour moi l'amitie que j'ai pour vous, vous vous donnerez
trois mois de reflexion. Je vous le demande comme une preuve de cette
affection deja vieille entre nous. Voulez-vous me l'accorder? Je
crains que la solitude n'ait exalte vos idees, que vous ne vous soyez
exagere des devoirs qui, dans un etat plus calme et plus vrai, vous
apparaitraient sous un autre jour. N'affligerez-vous pas votre mere
par une resolution aussi brusque? L'avez-vous consultee? La personne
dont nous parlons lui sera-t-elle une societe agreable? Tout cela est
bien obscur pour moi.
Je ne vous fais pas un reproche de ne m'avoir pas consultee. Mais,
precisement, le mystere dont vous avez entoure ce projet ne me semble
pas d'un bon augure. Etes-vous bien d'accord avec vous-meme sur ce que
vous allez faire?
Adieu, mon enfant. Je vous embrasse. Repondez-moi.
C
A MONSIEUR ***
Paris, 15 avril 1833.
Je veux croire votre lettre sincere, et, dans ce cas, l'absence pourra
seule vous guerir.
Si, apres cette reponse, vous persistiez dans des pretentions que je
ne pourrais plus attribuer a la folie, j'aurais pour vous fermer ma
porte des motifs plus imperieux et plus decisifs encore.
Ainsi, quelle que soit l'explication que vous preferiez pour la lettre
inexplicable que vous m'avez envoyee, je vous prie absolument,
litteralem
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