e de la
menagerie...
Nous vous chargeons de toutes nos amities pour la maisonnee. Quant a nos
amis, a qui vous voulez bien donner de nos nouvelles, je vous remercie
encore plus. J'ai toujours le projet d'ecrire a tous, et je n'ai pas
trouve encore un jour de lucidite, au milieu de cette fatigue ou je
me jette. Elle est veritablement excessive; mais je crois que je m'en
trouverai bien; car je fais des progres etonnants dans l'art de grimper.
Je vais tous les jours a une lieue, au moins, et souvent a une lieue
et demie au-dessus de la mer. C'est quelque chose, au bout des jambes.
Maurice recueille beaucoup d'insectes et fait beaucoup de dessins. Moi,
j'allege ma demarche, deja peu legere, d'un tas de pierres dont je
remplis ma sacoche. Je voudrais tout ramasser; tout est curieux. En
quelque desert qu'on se trouve, on marche sur des fragments de marbre
d'Asie et d'Afrique, restes d'une splendeur disparue, et dont, en bien
des endroits, les plus savants antiquaires sont embarrasses d'expliquer
la presence.
Bonsoir encore, mon bonhomme. Ecrivez encore a Genes, si vous ecrivez;
car c'est toujours par la que nous repasserons vers la fin du mois. A
vous de coeur.
[1] Un aigle noir apprivoise qui avait pris sa volee.
CCCXCI
A M. ERNEST PERIGOIS, A LA CHATRE
La Spezzia, 9 mai 1855.
Cher ami,
Je ne sais pas si vous recevrez ma lettre avant mon embrassade; car je
viens seulement de recevoir la votre et la douloureuse nouvelle qu'elle
m'apporte[1]. Certainement, c'est un coup bien sensible qui vient encore
me frapper, apres tant d'autres. Sommes-nous malheureux depuis quelques
annees, mes pauvres enfants! La vie generale tuee en nous et autour de
nous, Dieu aurait du nous laisser au moins la vie personnelle, celle
de la famille et de l'amitie. Et cependant tout nous quitte a la fois!
C'est pour un monde meilleur qu'ils s'en vont, je n'en doute pas, j'en
doute moins que jamais; mais que toutes ces separations sont navrantes
pour ceux qui restent!
J'etais tout a l'heure au bord de la mer, dans un endroit delicieux, des
rochers couverts de pins, et des fleurs superbes croissant en liberte
jusque dans le sable de la greve. Pendant que mes enfants etaient a
quelque distance, j'occupais ma promenade, comme a l'ordinaire, a
ramasser des plantes. Voila deux mois qu'a chaque individu nouveau pour
mes yeux, je le place dans un livre expres, en me disant que mon pauvre
ami m'en app
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