uvait choisir le moment ou Hotze ne s'etait pas
encore avance, se jeter sur l'archiduc, le repousser au-dela du Rhin,
se rabattre ensuite sur Hotze, et le repousser a son tour. On a calcule
qu'il aurait eu le temps d'executer cette double operation, et de battre
isolement les deux generaux autrichiens. Malheureusement il ne songea a
les attaquer qu'au moment ou ils etaient pres de se reunir, et ou ils
etaient en mesure de se soutenir reciproquement. Il les combattit sur
plusieurs points le 5 prairial (24 mai), a Aldenfingen, a Frauenfeld, et
quoiqu'il eut partout l'avantage, grace a cette vigueur qu'il mettait
toujours dans l'execution, neanmoins il ne put empecher la jonction, et
il fut oblige de se replier sur la ligne de la Limmat et de Zurich,
ou il se prepara a recevoir vigoureusement l'archiduc, si celui-ci se
decidait a l'attaquer.
Les evenemens etaient bien autrement malheureux en Italie. La, les
desastres ne s'etaient point arretes.
Suwarow avait rejoint l'armee autrichienne avec un corps de vingt-huit
ou trente mille Russes. Melas avait pris le commandement de l'armee
autrichienne. Suwarow commandait en chef les deux armees, s'elevant au
moins a quatre-vingt-dix mille hommes. On l'appelait l'_invincible_. Il
etait connu par ses campagnes contre les Turcs, et par ses cruautes
en Pologne. Il avait une grande vigueur de caractere, une bizarrerie
affectee et poussee jusqu'a la folie, mais aucun genie de combinaison.
C'etait un vrai barbare, heureusement incapable de calculer l'emploi de
ses forces, car autrement, la republique aurait peut-etre succombe.
Son armee lui ressemblait. Elle avait une bravoure remarquable, et
qui tenait du fanatisme, mais aucune instruction. L'artillerie, la
cavalerie, le genie, y etaient reduits a une veritable nullite. Elle
ne savait faire usage que de la baionnette, et s'en servait comme les
Francais s'en etaient servis pendant la revolution. Suwarow, fort
insolent pour ses allies, donna aux Autrichiens des officiers russes,
pour leur apprendre le maniement de la baionnette. Il employa le langage
le plus hautain, il dit que les _femmes_, _les petits-maitres_, _les
paresseux_, devaient quitter l'armee; que les parleurs occupes a fronder
le service souverain seraient traites comme des egoistes, et perdraient
leurs grades, et que tout le monde devait se sacrifier pour delivrer
l'Italie des Francais et des athees. Tel etait le style de ses
allocutions. Heureusement, apres nous avoir ca
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