sseaux, serres les uns contre les autres, et
proteges par des capuchons contre le vent du desert, grandissent
dans le limon humide d'une vaste pepiniere. Ils sont destines a
border les avenues et a peupler les jardins. M. le baron Empain et
S.E. Boghos Pacha Nubar se font construire a Heliopolis chacun une
villa somptueuse[1].
Cinq mille hectares sont reserves, plus avant dans le desert, pour
l'extension de la cite nouvelle, qui doit comprendre, d'apres le
plan des fondateurs, trois agglomerations distinctes et successives,
reliees entre elles par des avenues verdoyantes et des voies de
communication rapide. La Societe d'Heliopolis a recu option, par
contrat, sur cinq mille hectares, en sus des deux mille cinq cents
de la premiere oasis, au prix de cinquante-cinq francs l'hectare
environ. Trois voies ferrees seront etablies entre la premiere oasis
et le Caire: un chemin de fer et deux tramways electriques. L'un de
ceux-ci, pose et equipe, est pret pour l'exploitation. Il fera
arret, en cours de route, a plusieurs stations. Ce sera la voie de
banlieue, qui prendra et conduira des voyageurs a tous les villages
echelonnes le long du chemin[2]. L'autre tramway est
particulierement destine aux fonctionnaires que la Societe s'est
engagee a loger moyennant un prix convenu avec le gouvernement
egyptien. Quant au chemin de fer electrique, il courra, sans arret,
du Caire a Heliopolis. Ce sera le train express. Le trajet durera
quinze minutes: tout juste ce qu'il faut, a Bruxelles, pour aller du
Nord au Midi.
Telle est, en raccourci, l'entreprise qui a seduit des hommes
d'affaires de premier ordre: Belges, Anglais, Francais et Egyptiens.
Comme toutes les grandes choses, elle a des detracteurs. Mais
personne ne peut contester son originalite ni son caractere
grandiose. C'est une magnifique partie a jouer. On comprend qu'elle
passionne tant et de si puissants capitaines de la finance. Si elle
reussit, ils auront attache leur nom a une des plus belles choses
qui se pourront voir, d'ici a une dizaine d'annees, dans un des plus
beaux pays du monde.
La rarete des habitations et la cherte des loyers la provoquaient
depuis longtemps. On a vu le prix des terrains a batir monter, au
Caire, en cinq ans, de 1901 a 1906, a des sommets vertigineux, de
quinze a quinze cents francs le metre carre en de certains endroits.
Il a degringole depuis lors. L'exces meme de la speculation a amene
une crise immobiliere, encore aggravee, dans la sui
|