tres du
Caire europeen. Dans la rue, la melee des fiacres qui se suivent et
se croisent, tous atteles de deux chevaux ardents, dure du matin au
soir. Des flaneurs en turban et en robe musent sur les trottoirs.
Toutes les races de l'Orient: Egyptiens, Bedouins, negres, maigres
Hindous, Circassiens somptueux, defilent comme dans une feerie.
Un etranger descend l'escalier de l'hotel et entre bravement dans la
cohue bourdonnante. Dix grands gaillards enjuponnes l'assaillent et
l'assourdissent. "Moi drogman, moi bon drogman, Mousie le comte;
achetez cartes postales; achetez chapelet, prenez chasse-mouches,
Mousie le pacha." S'il ecarte tout de suite cette racaille, il est
sauve. S'il s'arrete seulement une minute, s'il parlemente, s'il se
laisse tenter par l'eclat d'une breloque ou la couleur d'une
antiquite fabriquee l'avant-veille, c'est un homme a la mer. Il
mettra dix minutes a se tirer de leurs mains, a moins que le chawich
qui fait faction devant l'hotel ne vienne a son secours et ne mette
en fuite, a coups de baton, ces pittoresques mais redoutables
gagne-petit.
Dig, ding, dong! un, deux, trois dromadaires a la file, chacun
portant un carillon sur la bosse. Les sonnettes tintent en cadence,
selon le rythme de leur pas allonge. C'est un mariage indigene. Une
troupe de musiciens joue des airs de fete sur des modes mineurs.
Tons eleves, sons aigus: vraie musique a porter le diable en terre.
Six, huit, dix enfants, empiles dans un ou deux fiacres, rient aux
eclats en se donnant des bourrades: c'est la progeniture des
premieres epouses.
Enterrement grec: un corbillard, blanc et or, vraie voiture de
charlatan de chez nous, la caisse surmontee d'un ange aux ailes
eployees, file comme une fleche; sur le siege, a cote du cocher,
qui fume une cigarette, un pretre orthodoxe, barbe d'ebene et
barrette d'avocat; le cortege des parents et des amis, derriere,
suit au grand galop.
Enterrement arabe: pas de cercueil; le mort, recouvert d'un drap,
gagne le cimetiere tel quel, etendu sur une civiere soutenue par
quatre porteurs; derriere lui, et ranges sur deux files, parents et
amis crient qu'Allah est Dieu et Mahomet son prophete.
Dans une "quarante chevaux", deux dames d'un riche harem, costume
tailleur et voile de mousseline blanche, font leur promenade
quotidienne, sous la garde d'un eunuque noir, trapu, rebarbatif,
assis a cote du chauffeur. Devant une elegante berline, deux
coureurs, habilles de soie voyante, veste e
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