e leur eclat. On dirait
que les decorateurs viennent de finir leur tache. Le dessin, ferme,
vigoureux, mais conventionnel et monotone, ne manque pas de
noblesse. Dans les figures, dessinees de profil, l'oeil regarde en
face. Il est rare que l'artiste ait travaille la muraille meme.
Presque toujours, c'est dans un enduit de platre applique sur le mur
qu'il a grave, en relief, ses personnages, livres ensuite au
peintre. Le plafond: etoiles d'or sur fond bleu, figure la voute du
ciel. Tout cela fait un ensemble anime et impressionnant. Le tableau
a grande allure. Quelle somme de labeur il represente, on peut
facilement l'imaginer en songeant a ceci: le sarcophage repose a
trois cents metres de profondeur; couloir, salles et caveau sont
creuses dans le roc.
Un dernier escalier, et, dans une espece de basse fosse encadree
d'un treillis, apparait le seigneur de ceans. Le sarcophage,
magnifiquement decore, est ouvert: une plaque de verre remplace le
couvercle, vole par les pillards du desert. Le voila, entoure de
bandelettes, et tel qu'il fut enseveli il y a trois mille cinq cents
ans, apres que les embaumeurs eurent assure son corps contre la
corruption. La figure, longue et osseuse, offre un contour precis.
De longues meches descendent sur les tempes; la bouche entr'ouverte
laisse voir de fortes dents; une chauve-souris volete, eperdue,
au-dessus du cercueil. Du bout de la canne, en allongeant le bras,
nous pourrions la toucher. Il y a pourtant trente-cinq siecles entre
nous. Trente-cinq siecles! Et ce n'est qu'une goutte d'eau dans
l'ocean infini ...
L'histoire de la ville et de l'empire est extraite, lambeau par
lambeau, de la necropole thebaine. Les deux vallees n'ont pas livre,
loin de la, tous leurs secrets. Bien que la plupart des tombes,
decouvertes des le moyen age, par l'avidite des Arabes, aient ete
pillees, depuis lors, plusieurs fois, on a enrichi de leurs
depouilles tous les grands musees du monde, a commencer par cet
admirable Musee du Caire, bonde de momies royales, de sarcophages
aux effigies colorees ou revetues d'or fin, de statues, de bijoux,
des plus precieux objets du mobilier entasse dans les demeures des
morts.
On y voit, hauts comme de grands joujoux, des esclaves, hommes et
femmes, qui petrissent le pain, ciselent des metaux, font leur
office de domestiques ou d'ouvriers; et des bataillons de soldats,
infanterie legere ou hoplites, qui defilaient comme a la parade pour
l'orgueil et la joie d
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