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rreterait des heures pres de chaque corps de metier. Chacun a son quartier special, comme dans nos villes au moyen age. Les ouvriers travaillent sur le seuil des boutiques. En voici qui cousent, coupent, ajustent des bandes de grosse toile. Ils fabriquent des tentes. Manifestement, ils ne sont pas presses. L'aiguille, entre leurs doigts, va doucement son petit bonhomme de chemin. C'est dans le quartier des batteurs de cuivre qu'on aurait du plaisir a flaner. Mais il faudrait pouvoir donner deux ou trois jours a la ville indigene. Marchons droit aux bazars, entre des maisons lepreuses dont les facades, toutes de guingois, se cogneraient a la hauteur de l'etage si on les poussait un peu. Une toile tendue brise, au-dessus de nos tetes, les ardeurs du soleil. On a l'illusion de marcher dans une ville souterraine. Point de paves; le sol est dur et lisse comme l'asphalte de nos boulevards. On distingue de temps en temps, dans le clair-obscur, au-dessus d'une porte cintree, le lacis degrade de gracieuses arabesques. Rien que des turbans et des robes de toutes couleurs. Pas de femmes, ou si peu: de rares fantomes noirs, pieds nus dans des sandales, glissent dans la penombre, un bel enfant a califourchon sur l'epaule. A l'etal des bouchers, de grosses mouches, par milliers, leurs pattes plantees dans les quartiers de viande, font bombance; personne ne les chasse. A quoi bon? Rien n'arrive qui ne doive arriver. D'ailleurs, elles sont trop. Tous ces moutards en haillons, ravissants et sales, qui se roulent dans les ruelles, un tuyau de canne a sucre entre leurs petites dents blanches, sont la proie des mouches, qui leur devorent le visage et les yeux. Nous ne nous etonnerons plus de rencontrer tant d'aveugles. Du fond d'une cour qui se laisse entrevoir par l'entre-baillement d'une porte vermoulue, se repand un choeur de trainantes lamentations. Les voix de femmes dominent; il y a deux groupes de chanteuses, et qui se repondent. Qu'est-ce que c'est? Une veillee funeraire? Abd-el-Rahim va aux informations. Ce sont des femmes juives qui chantent les prieres de la veille du sabbat. L'echo de leur melopee nous poursuit jusque dans les bazars. Gare a nos poches! Voici des ennemis plus dangereux que les tire-laine qui guettent l'etranger a tous les carrefours de la ville indigene. Les marchands nous haranguent, dans toutes les langues connues, sur le seuil de boutiques pleines de tentations. Fiez-vous a votre guide, meme si vou
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