te universelle. Ce
sont les savants francais qui ont ressuscite l'Egypte des Pharaons,
deblaye les temples, decouvert et decrit les tombeaux. Ses
missionnaires la serviraient, sinon avec plus d'ardeur, peut-etre
plus efficacement encore si ses gouvernants ne s'ingeniaient
aujourd'hui a les contrarier, a les humilier, voire a les diffamer.
Mais qu'elle y prenne garde. La langue francaise perd du terrain au
profit de l'anglais. Nos aniers, a Luxor, parlaient couramment
l'anglais. Ils ne savaient pas un mot de francais, pas un seul. De
meme le drogman Abd-El-Rahim, beau et grave bedouin de vingt-cinq
ans, doux, poli, musulman de la stricte observance, qui nous guida,
cinq jours durant, a travers les ruelles du vieux Caire "non pour
gagner de l'argent, disait-il, mais pour le plaisir de servir de
braves gens comme vous, des amis de M. Jean Capart". Il a tout de
meme fini par accepter nos piastres ...
Bref, l'Egypte appartient, en fait, et en depit de toutes les
fictions diplomatiques, a l'Angleterre. Le representant de
l'Angleterre a le titre de "consul general de Sa Majeste
Britannique", rien de plus. En realite, qu'il s'appelle lord Cromer
ou sir Gorst, il est le veritable maitre du pays. Vous savez que
l'Egypte n'a pas de Parlement. L'executif, ministres et khedive sont
dans sa main. Aucune depense ne peut se decider, aucune nomination
se faire sans son autorisation. Lord Cromer, qui vient de prendre sa
retraite, s'appliquait, dans les premiers temps de son regne, a ne
pas faire sentir le mors. L'imperatif ne lui etait pas familier. Il
insinuait, il conseillait, il guidait; il n'ordonnait jamais.
L'Angleterre ne temoignera jamais assez de gratitude a cet homme
d'Etat, eminent entre tous, ouvrier de la premiere heure, dont le
genie fit de l'Egypte, terre sans maitre, proie convoitee par plus
d'une puissance et sur laquelle les droits de la France etaient
primordiaux, une province anglaise. Son gouvernement l'a comble
d'honneurs. On n'en raconte pas moins, la-bas, qu'il partit, non
point volontairement, mais en disgrace. J'ai entendu dire que
l'habitude du pouvoir avait use, a la longue, sa courtoisie et
developpe ses tendances despotiques. Gonfle, aigri, remarie sur le
tard, confiant dans sa force, il finit par perdre cette habilete et
ce tact souverains auxquels il avait du, pour une bonne part, ses
premiers succes et la rapidite de sa fortune. Imperieux, cassant,
coupant, il humiliait, par plaisir pur ou par caprice,
|