d'un des plus puissants empires que le monde ait
connus; il est mort a cent ans. Et un ane, aujourd'hui, se
reconnait a son nom, qui fit trembler l'Orient ... Soyez donc
deputes!...
C'est dans cet equipage que nous avons visite, en deux jours, les
ruines de la rive gauche, ainsi que les tombeaux de la vallee des
Rois et de la vallee des Reines.
La route monte dans une gorge etroite, entre deux murailles de
rochers nus. Pas une plante, pas un brin d'herbe, pas un oiseau: le
desert est plus anime, moins morne et moins tragique. Il fait chaud,
chaud ... Le guide declare vingt-cinq degres. Ramses II commence a
renacler. Allons, un peu de courage. Nous ne sommes pas au bout.
Tout a l'heure, sur le coup de midi, il faudra gravir, a pied, les
baudets menes en laisse derriere nous, la pente raide de cet eperon,
deja embrase par la lumiere ardente, et dont le sommet semble
grandir a chaque pas que nous faisons. Si nous voulons voir
Deir-el-Bahari aujourd'hui, il n'y a pas d'autre chemin, a moins de
faire un detour et de perdre ainsi deux heures. Un peu de courage.
L'entree de la premiere tombe royale baille a quelques pas de nous.
Nous avons visite douze tombeaux, les plus grands, les plus beaux,
les plus celebres. Des millions de morts dorment dans les flancs de
la montagne, qui servait de cimetiere aux Thebains. On fourrait les
gens du commun, momifies au plus bas prix, dans les fentes des
rochers. Les gens de qualite se faisaient construire des caveaux.
Pour les rois, les reines et les princes du sang, ce n'etait pas
trop de palais souterrains. Nous voici chez Amenophis II, roi de la
XVIIIe dynastie, mort en 1600, ou a peu pres, avant Jesus-Christ. La
derniere demeure de Sa Majeste est maintenant eclairee a la lumiere
electrique. On entre par un couloir large de trois ou quatre metres,
en pente rapide, sur lequel s'embranchent, a droite et a gauche, des
salles funeraires supportees par des piliers. Toutes les parois sont
couvertes de fresques. Dieux a tete de chacal, de vautour ou de
chouette; le roi, la reine, leurs ancetres, leurs enfants, leurs
serviteurs; personnages agenouilles devant les dieux; corteges
religieux escortant la barque sacree; serpents deroules et
sifflants, vautours aux ailes eployees: des centaines d'images,
souriantes, grotesques ou terribles se melent dans des processions
fantastiques. M. Jean Capart dit que c'est le "Baedeker" de l'enfer
egyptien.
Les couleurs, simples et franches, ont gard
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