de creuser avec
perseverance pour trouver le succes et la fortune: c'etait aussi
difficile, et plus hasardeux, que de dechiffrer une enigme du
Sphinx. Bon nombre de Belges ont eu cette audace et ce bonheur.
J'ai demande a plusieurs de nos compatriotes, au moment des adieux:
"Qu'est-ce qu'il faut vous souhaiter pour 1908?" Quelques-uns ont
repondu: "Un consul belge" sans vouloir autrement expliquer cette
enigme--encore une! Il a fallu, pour la debrouiller, aller aux
informations. Voici l'explication: nous n'avons pas de consul de
carriere au Caire; notre consul est un Syrien naturalise Belge,
homme considerable d'ailleurs et tres riche. Malheureusement, il ne
sait pas un traitre mot de flamand. Le vice-consul non plus, ni le
chancelier, ni l'avocat du consulat, egalement Syriens. Or, les
ouvriers flamands commencent a emigrer en Egypte. Il y a quelques
mois, un Flamand fut inculpe de vol. L'Egypte etant soumise, comme
la Turquie, au regime des "capitulations", les consuls ont qualite
de juge d'instruction vis-a-vis de leurs nationaux. Notre consul
instruisit contre cet accuse. Celui-ci se defendit comme il put, en
mauvais francais, donc tres mal. Il y avait au dossier des pieces
en langue flamande. Personne au consulat ne put en traduire un mot.
L'inculpe paya cher cette ignorance. Sa detention preventive dura
deux fois plus longtemps que de raison.
Si notre gouvernement ne prend des mesures, cette injustice se
repetera. Or les prisons du Caire, obscures et sales, nauseabondes,
agreables pourtant a la paresse de la plebe locale, offrent peu
d'attraits pour nos braves Flamands. Donnez un consul belge, s'il
vous plait, M. le ministre des Affaires etrangeres, aux Belges du
Caire, un consul qui comprenne et qui parle nos deux langues
nationales.
D'autres m'ont dit: "Souhaitez-nous des cochers qui connaissent la
ville." J'ai compris tout de suite. Un soir, M. Georges Eeman
m'invite a une tasse de the. Il me donne son adresse: rue Zakhi
Pacha, 3. Le portier de l'hotel choisit entre vingt cochers un
gaillard qui se fait fort de me conduire les yeux fermes. En route.
Course d'un quart d'heure; arret devant un hotel precede d'un
jardin; c'est la, me dit, du geste, le Collignon. Notez que pas un
cocher du Caire ne sait un mot de francais ni d'anglais. Moi, je
sais trois mots d'arabe: "arbaghi" qui signifie cocher, "karakol":
police, et "malesh" c'est-a-dire--traduction un peu libre
--fichez-moi la paix.--Eh non, ce n'est
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