t fait bonne chasse. L'un d'eux, par
surcroit, avait blesse, de quelques plombs egares, une vieille femme
et un enfant. Les paysans s'ameuterent et fondirent, en bande, sur
les chasseurs, qui passerent tout de suite a l'etat de gibier.
Entoures, menaces, frappes, ils purent s'echapper neanmoins, grace a
la vitesse de leurs jambes. L'un d'eux mourut d'avoir couru trop
longtemps et trop vite. Les coupables--c'est-a-dire, naturellement,
les fellahs!--furent severement punis. On en pendit quatre,
prealablement fustiges. Plusieurs autres furent condamnes aux
travaux forces; l'Angleterre vient de leur rendre la liberte. Ses
journaux ne tarissent pas sur la magnanimite de cette action. Telle
est, en raccourci, et sauf erreur sur les details, la celebre
affaire de Denchawai. On ne pourrait choisir une plus "actuelle"
entree en matiere pour un article sur l'Egypte d'aujourd'hui.
Joanne, Baedeker ou Larousse vous diront que l'Egypte, hellenisee,
apres la mort d'Alexandre le Grand, et gouvernee, jusqu'a la mort de
Cleopatre, par de successives dynasties ptolemaiques, devint
province romaine, puis suivit la loi de l'empire byzantin, qui se la
laissa prendre, au VIIe siecle, par les Arabes, supplantes
eux-memes, au XVIe, par les Turcs. Napoleon, vainqueur des Mameluks;
des Turcs et des Anglais, l'aurait surement donnee a la France si la
decrepitude du Directoire mourant ne l'avait rappele a Paris.
Mohammed-Ali, sous Louis-Philippe, la rendit independante, en fait,
du sultan de Constantinople, qui n'en est plus depuis lors que le
souverain nominal. Depuis les victoires de ce grand homme d'Etat,
l'Egypte a une dynastie hereditaire. Le khedive n'est tenu,
vis-a-vis de Constantinople, qu'au tribut et a l'hommage.
Mais le veritable souverain de l'Egypte d'aujourd'hui, c'est
l'Angleterre. Elle est censee surveiller, controler au nom de
l'Europe le gouvernement egyptien. En fait, elle gouverne et elle
regne, sans avoir de compte a rendre a personne, ni aux puissances,
ni aux indigenes. Le khedive, vassal du Grand Turc, est le pupille
de l'Angleterre. Les folies et les prodigalites du khedive Ismail,
sous le regne duquel Ferdinand de Lesseps perca l'isthme de Suez,
amenerent les puissances a intervenir dans l'administration de
l'Egypte. Les tribunaux et la Caisse de la Dette ont encore un
personnel international. Il y a moins de trente ans, la France,
admirablement servie par ses religieux, et dont la langue etait
parlee partout, occ
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