les arcades, la tete posee sur un
bras arrondi. Ils sont la pres de neuf mille, venus de tous les
points du monde mahometan, du Maroc, du Soudan et des Indes. Un
negre racontait a notre guide, en rangeant des hardes dans un coffre
vermoulu, son voyage a travers le Sahara, pendant des jours et des
jours ... El-Azhar, qui est riche--on sait que la mainmorte existe
toujours en Egypte--nourrit gratuitement les plus pauvres. Un
certain nombre n'ont pas d'autre logis que la Mosquee. Celle-ci est
a la fois le seminaire et l'ecole de droit de l'Islam. Les pretres
et les magistrats du monde musulman se recrutent dans son sein. Eh
bien, on ne leur enseigne que le Koran et des commentaires du Koran.
Ce qui est ecrit est ecrit. Rien n'importe en ce monde que la loi du
Prophete ... "Je fus un jour presente au grand cheik, me racontait
un Belge etabli au Caire. L'idee me vint de demander a quel titre
ce personnage devait cette fonction eminente. On me repondit: c'est
parce que le commentaire qu'il fait du livre sacre est textuellement
identique au commentaire enseigne, dans nos grandes ecoles, il y a
six cents ans ..." Tout commentaire serait superflu, c'est le cas
de le dire ... Le fatalisme condamne a une incurable paralysie cette
race intelligente, endormie par l'Islam, comme les chevaliers
legendaires dans les jardins des magiciennes, momie vivante, et qui
ne se reveille, de temps en temps, que pour une explosion de
fanatisme.
El-Azhar est un des foyers les plus actifs du fanatisme musulman.
Celui-ci n'est pas un mal endemique. Il sevit, de temps a autre, a
la facon d'une epidemie. Le musulman egyptien n'a pas le temperament
fanatique. Si la haine du chretien couve encore dans la populace, et
si les observateurs attentifs n'ecartent pas l'eventualite de
nouvelles explosions, c'est que les "predicants" formes a El-Azhar
s'emploient a persuader au peuple que les chretiens sont les ennemis
de sa foi. Dans la Haute Egypte, des imans prechent aux fellahs
d'enfouir leur argent plutot que de rien acheter aux "infideles". Un
de nos compatriotes est servi depuis quinze ans par un vieux
domestique, prevenant et devoue. "Il se ferait hacher pour moi, me
disait-il; regardez sa bonne tete de chien fidele; pourtant, qu'un
fanatique le persuade, demain, que je suis l'ennemi de sa religion,
et il me tuera sans balancer." C'est le meme qui m'avait dit, la
veille: "Je connais intimement plusieurs musulmans de distinction;
quelques-uns sont mes
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