toit paternel, pour devenir calme,
positif, range; trop positif la plupart du temps, car les vices de
l'etudiant sont ceux de la societe tout entiere, d'une societe ou
l'adolescence est livree a une education a la fois superficielle et
pedantesque, qui developpe en elle l'outrecuidance et la vanite; ou la
jeunesse est abandonnee, sans regle et sans frein, a tous les desordres
qu'engendre le scepticisme, ou l'age viril rentre immediatement apres
dans la sphere des egoismes rivaux et des luttes difficiles. Mais si les
etudiants etaient aussi pervertis qu'on nous les montre, l'avenir de la
France serait etrangement compromis.
Il faut bien vite excuser l'ecrivain que je blame, en reconnaissant
combien il est difficile, pour ne pas dire impossible, de resumer en un
seul type une classe aussi nombreuse que celle des etudiants. Eh quoi!
c'est la jeunesse lettree en masse que vous voulez nous faire connaitre
dans une simple effigie? Mais que de nuances infinies dans cette
population d'enfants a demi hommes que Paris voit sans cesse se
renouveler, comme des aliments heterogenes, dans le vaste estomac du
quartier latin! Il y a autant de classes d'etudiants qu'il y a de
classes rivales et diverses dans la bourgeoisie. Haissez la bourgeoisie
encroutee qui, maitresse de toutes les forces de l'Etat, en fait un
miserable trafic; mais ne condamnez pas la jeune bourgeoisie qui sent
de genereux instincts se developper et grandir en elle. En plusieurs
circonstances de notre histoire moderne, cette jeunesse s'est montree
brave et franchement republicaine. En 1830, elle s'est encore interposee
entre le peuple et les ministres dechus de la restauration, menaces
jusque dans l'enceinte ou se prononcait leur jugement; c'a ete son
dernier jour de gloire.
Depuis, on l'a tellement surveillee, maltraitee et decouragee, qu'elle
n'a pu se montrer ouvertement. Neanmoins, si l'amour de la justice, le
sentiment de l'egalite et l'enthousiasme pour les grands principes et
les grands devouements de la revolution francaise ont encore un foyer
de vie autre que le foyer populaire, c'est dans l'ame de cette jeune
bourgeoisie qu'il faut aller le chercher. C'est un feu qui la saisit et
la consume rapidement, j'en conviens. Quelques annees de cette noble
exaltation que semble lui communiquer le pave brulant de Paris, et puis
l'ennui de la province, ou le despotisme de la famille, ou l'influence
des seductions sociales, ont bientot efface jusqu'a la derniere tr
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