u'elle est
chez une femme, qu'elle...
--Ah! je ne crois rien, je ne sais rien, et peu m'importe! Elle s'est
emparee de moi. Me voila force de tenir ce que j'ai promis, puisqu'on
m'a subjugue. Ces diables de femmes! Arsene, du rhum! l'orateur est
fatigue."
Je regardai Arsene: son visage ne trahissait pas la moindre emotion.
Je cessai de croire a son amour pour madame Poisson; mais, en voyant
l'agitation d'Horace, je commencai a penser que le sien prenait un
caractere serieux. Nous nous separames a la rue Git-le-Coeur. Je rentrai
accable de fatigue. J'avais passe la nuit precedente aupres d'un ami
malade, et je n'etais pas revenu chez moi de la journee.
Quoique j'eusse vu briller de la lumiere derriere mes fenetres, je
fus tente de croire qu'il n'y avait personne chez moi, a la lenteur
qu'Eugenie mit a me recevoir. Ce ne fut qu'au troisieme coup de sonnette
qu'elle se decida a ouvrir la porte, apres m'avoir bien regarde et
interroge par le guichet.
"Vous avez donc bien peur? lui dis-je en entrant.
--Tres-peur, me repondit-elle; j'ai mes raisons pour cela. Mais puisque
vous voila, je suis tranquille."
Ce debut m'inquieta beaucoup. "Qu'est-il donc arrive? m'ecriai-je.
--Rien que de fort agreable, repondit-elle en souriant, et j'espere que
vous ne me desavouerez pas; j'ai, en votre absence, dispose de votre
chambre.
--De ma chambre! grand Dieu! et moi qui ne me suis pas couche la nuit
derniere! Mais pourquoi donc? et que veut dire cet air de mystere?
--Chut! ne faites pas de bruit! dit Eugenie en mettant sa main sur ma
bouche. Votre chambre est habitee par quelqu'un qui a plus besoin de
sommeil et de repos que vous.
--Voila une etrange invasion! Tout ce que vous faites est bien, mon
Eugenie, mais enfin...
--Mais enfin, mon ami, vous allez vous retirer de suite, et demander a
votre ami Horace ou a quelque autre (vous n'en manquerez pas) de vous
ceder la moitie de sa chambre pour une nuit.
--Mais vous me direz au moins pour qui je fais ce sacrifice?
--Pour une amie a moi, qui est venue me demander un refuge dans une
circonstance desesperee.
--Ah! mon Dieu! m'ecriai-je, un accouchement dans ma chambre! Au diable
le butor a qui je dois cet enfant-la!
--Non, non! rien de pareil! dit Eugenie en rougissant. Mais parlez donc
plus bas, il n'y a point la d'affaire d'amour proprement dite; c'est un
roman tout a fait pur et platonique. Mais, allez-vous-en.
--Ah ca, c'est donc une princesse enlevee po
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