onca que sa
presence au cafe Poisson n'etant plus necessaire, il changeait de
condition.
"Ah! ah! lui dit Horace, vous allez reprendre la peinture?
--Peut-etre le ferai-je plus tard, repondit le Masaccio; mais pas
maintenant. Mes soeurs n'ont pas encore assez d'ouvrage assure pour
l'annee. Est-ce que vous ne pourriez pas me faire placer quelque part
comme employe, pour tenir une comptabilite quelconque? dans une regie de
theatre, dans une administration d'omnibus, que sais-je? Vous avez des
connaissances, vous autres!
--Mon cher, dit Horace, vous n'ecrivez ni assez bien ni assez vite. Et
puis, savez-vous la tenue des livres?
--J'apprendrai, dit Arsene.
--Il ne doute de rien, dit Horace. Moi, si j'ai un conseil a vous
donner, c'est de perseverer dans la condition que vous venez d'essayer;
vous vous en acquittez fort bien. Seulement vous avez un peu de fatigue.
Servez dans une bonne maison, au lieu de servir dans un cafe; vous
gagnerez beaucoup, et vous ne travaillerez guere. Si Theophile le veut,
il peut vous placer chez quelque grand seigneur, ou seulement chez
quelque brave dame du faubourg Saint-Germain. Est-ce que la comtesse ne
le prendrait pas pour domestique, si tu le lui recommandais? Reponds
donc, Theophile!
--C'est assez de domesticite comme cela, repondit Arsene, qui comprenait
fort bien l'intention qu'avait Horace de le rabaisser aux yeux de
Marthe; j'y reviendrai si je ne puis trouver mieux. Mais puisque c'est
un etat qu'on meprise...
--Qu'est-ce qui se permet de le mepriser? s'ecria Louison tout en feu,
en suivant la direction involontaire qu'avait prise le regard de Paul;
est-ce que c'est vous, Marton, qui meprisez mon frere?
--Cousez donc! dit le Masaccio a Louison d'un ton severe, pour faire
baisser ses yeux menacants leves sur Marthe.
--Mais enfin, reprit-elle, je trouve un peu drole qu'on te meprise:
je ne sais pas ou on prend ce droit-la, et je ne vois pas en quoi
mademoiselle Marton..."
Marthe regarda Arsene d'un air triste, et lui tendit la main pour
l'apaiser. Il etait pret a eclater contre sa soeur.
"Elle est folle," dit-il en haussant les epaules, et il s'assit aupres
de Marthe en tournant le dos a Louison, dont les yeux se remplirent de
larmes.
"C'est qu'aussi c'est indigne! s'ecria-t-elle aussitot qu'il fut parti.
Voyez-vous, monsieur Theophile, je ne peux pas supporter cela de
sang-froid. Mademoiselle Marthe et M. Horace, qui s'entendent fort bien,
je vous assure,
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