ue, passionnee pour la verite historique, a
revise un faux jugement.
Deux ecrivains habiles et convaincus: le duc de Noailles et M. Theophile
Lavallee, pleins de respect pour une memoire injustement decriee, sont
parvenus a ressusciter, en quelque sorte, la vraie Mme de Maintenon. Le
baron de Walckenaer avait deja fait observer, au sujet de cette femme si
diversement appreciee, qu'elle est le personnage historique sur lequel on
possede le plus de documents emanes de sa bouche ou traces par sa plume.
"Il est donc a regretter, disait-il, que les historiens, meme les plus
judicieux, aient prefere des satires contemporaines aux temoignages
certains et authentiques fournis par elle-meme, et qu'ils aient converti
une simple et interessante histoire en un vulgaire et incomprehensible
roman."
Aujourd'hui la verite s'est fait jour. Les defenseurs de Mme de Maintenon
n'ont rien laisse subsister des invectives de Saint-Simon et de la
princesse Palatine contre une femme qui, sympathique ou non, merite, a
coup sur, l'estime de la posterite. Depuis la publication du bel ouvrage
du duc de Noailles, il y a eu, au sujet de Mme de Maintenon, une sorte de
tournoi litteraire, et le grand critique Sainte-Beuve a ete le juge du
camp. "Il est arrive a M. Lavallee, a-t-il dit, ce qui arrivera a tous les
bons esprits qui approcheront de cette personne distinguee et qui
Prendront le soin de la connaitre dans l'habitude de la vie.... Il
a fait justice de cette foule d'imputations fantasques et odieusement
vagues qui ont ete longtemps en circulation sur le pretendu role
historique de cette femme celebre. Il l'a vue telle qu'elle etait tout
occupee du salut du roi, de sa reforme, de son amusement decent, de
l'interieur de la famille royale, du soulagement des peuples."
L'ecole revolutionnaire, qui voudrait trainer dans la boue la memoire du
Grand Roi, deteste tout naturellement la femme eminente qui fut sa
compagne, son amie et sa consolatrice. Les ecrivains de cette ecole
pretendraient en faire un type non seulement odieux et funeste, mais
disgracieux, antipathique, sans rayonnement, sans charme, sans seduction.
On se la figure trop souvent sous les traits d'une vieille femme usee,
roide et seche, avec des yeux sans larmes et un visage sans sourire. On
oublie que, jeune, elle fut une des plus jolies femmes de son siecle, que
sa beaute se conserva d'une maniere merveilleuse, et que, dans sa
vieillesse, elle garda cette superiorite de style et
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