oir le savant et remarquable ouvrage de M. Floquet: _Bossuet
precepteur du Dauphin_.]
Louis XIV fit a sa belle-fille l'accueil le plus courtois et le plus
amical. Elle eut pour dame d'honneur la duchesse de Richelieu, pour
seconde dame d'atours Mme de Maintenon, pour demoiselles d'honneur Mlles
de Laval, de Biron, de Gontaut, de Tonnerre, de Rambures, de Jarnac. Le
roi venait l'apres-dinee passer plusieurs heures dans la chambre de la
princesse, ou il trouvait Mme de Maintenon, et il consacrait a cette
visite le temps qu'il donnait autrefois a Mme de Montespan.
Les premieres annees du mariage de la dauphine furent tranquilles. Son
mari, qui n'avait que quelques mois de plus qu'elle, lui temoignait alors
un sincere attachement. La naissance de leur fils, le duc de Bourgogne,
causa des transports d'allegresse non seulement a la cour, mais dans la
France entiere. La joie tenait du delire. Chacun se donnait la liberte
d'embrasser le roi[1]. Spinola, dans l'ardeur de son enthousiasme, lui
mordit le doigt, et, l'entendant crier: "Sire, dit-il, je demande pardon a
Votre Majeste; mais si je ne l'avais pas mordue, elle n'aurait pas pris
garde a moi."
[Note 1: L'abbe de Choisy, _Memoires pour servir a l'histoire de Louis
XIV_.]
C'etaient partout des danses, des illuminations, des transports. Le
peuple, qui faisait des feux de joie, brulait jusqu'aux parquets destines
a la grande galerie: "Qu'on les laisse faire, disait Louis XIV en
souriant, nous aurons d'autres parquets."
Il montrait le nouveau-ne a la foule, et l'air retentissait d'acclamations
enthousiastes.
Le lendemain, Mme de Maintenon ecrivait a son amie Mme de Saint-Geran: "Le
roi a fait un fort beau present a Mme la Dauphine; il a eu dans ses bras
un moment le petit prince. Il felicita Monseigneur comme un ami; il donna
la premiere nouvelle a la reine; enfin, tout le monde dit qu'il est
adorable. Mme de Montespan seche de notre joie. Nous vivons avec toutes
les apparences d'une sincere amitie. Les uns disent que je veux me mettre
en place, et ne connaissent ni mon eloignement pour ces sortes de
commerce, ni l'eloignement que je voudrais en inspirer au roi.
Quelques-uns croient que je veux le ramener a Dieu. Il y a un coeur mieux
fait sur lequel j'ai de plus grandes esperances[1]."
[Note 1: 7 aout 1682.]
Ce coeur, celui de Louis XIV, se tournait en effet chaque jour davantage
du cote de la religion. Le temps des scandales etait passe. Tout nuage
avait
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