revoltes qu'il est tard, qu'ils
doivent songer a se retirer, qu'ils vont exposer le peuple a manquer de
pain, en troublant les arrivages. "C'est de la tactique, repond la
foule; il y a trois mois que vous nous dites cela." Alors plusieurs voix
s'elevent successivement du sein de la multitude: celle-ci demande la
liberte des patriotes et des deputes arretes; celle-la, la constitution
de 93; une troisieme, l'arrestation de tous les emigres; une foule
d'autres, la permanence des sections, le retablissement de la commune,
un commandant de la force armee parisienne, des visites domiciliaires
pour rechercher les subsistances cachees, les assignats au pair, etc.
L'un de ces hommes, qui parvient a se faire entendre quelques instans,
veut qu'on nomme sur-le-champ le commandant de la force armee
parisienne, et qu'on choisisse Soubrany. Enfin, un dernier, ne sachant
que demander, s'ecrie: _L'arrestation des coquins et des laches!_ et,
pendant une demi-heure, il repete par intervalles: _L'arrestation des
coquins et des laches!_
L'un des meneurs, sentant enfin la necessite de decider quelque chose,
propose de faire descendre les deputes des hautes banquettes, ou ils
sont places, pour les reunir au milieu de la salle et les faire
deliberer. Aussitot on adopte la proposition, on les pousse hors de
leurs sieges, on les fait descendre, on les parque, comme un troupeau,
dans l'espace qui separe la tribune des banquettes inferieures. Des
hommes les entourent, et les enferment en faisant la chaine avec leurs
piques. Vernier remplace au fauteuil Boissy-d'Anglas, accable de
fatigues apres six heures d'une presidence aussi perilleuse. Il est neuf
heures. Une espece de deliberation s'organise; on convient que le peuple
restera couvert, et que les deputes seuls leveront leurs chapeaux en
signe d'approbation ou d'improbation. Les montagnards commencent a
esperer qu'on pourra rendre les decrets, et se disposent a prendre la
parole. Romme, qui l'avait deja prise une fois, demande qu'on ordonne
par un decret l'elargissement des patriotes. Duroi dit que, depuis le 9
thermidor, les ennemis de la patrie ont exerce une reaction funeste;
que les deputes arretes au 12 germinal l'ont ete illegalement, et qu'il
faut prononcer leur rappel. On oblige le president a mettre ces
differentes propositions aux voix; on leve les chapeaux, on crie:
_Adopte, adopte_, au milieu d'un bruit epouvantable, sans qu'on puisse
distinguer si les deputes ont reellement donne
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