entretenir des dernieres paroles du jeune G..., un de mes
excellents petits soldats et l'un de vos assistes. Il a ete tue a
Verdun, le 22 mai 1916, a l'attaque de la forteresse de Douaumont; il
est reste avant le boyau de Vigouroux, notre objectif.
"En revisant mes notes de campagne, je retrouve le passage de sa mort
et ses derniers mots. Je me fais donc un devoir, et c'est pour moi un
honneur, de porter a votre connaissance la phrase ci-dessous que j'ai
recueillie sur le champ de bataille:
"Ecrivez a M. Mesureur que G... est mort a Verdun, qu'il est perdu dans
un grand champ de bataille comme un jour il fut trouve dans la rue."
Veuillez agreer, Monsieur le President, l'assurance de ma consideration
distinguee._
Le Directeur
de l'Administration Generale
de l'Assistance Publique:
Louis MOURIER.
_Lettre ecrite par le Sergent Auguste GARROT, aine de quinze enfants,
158e Regiment d'Infanterie, tombe au champ d'honneur le 6 Avril 1916._
Mes chers Parents,
Si le grand malheur arrive, soyez forts pour le supporter; vous saurez
que votre fils est tombe d'une mort glorieuse, face a l'ennemi.
C'est vous que j'ai defendus, mes chers parents, c'est ma Patrie, c'est
la grande Republique, une et indivisible.
Grace au sang verse naitra la paix dont mes freres jouiront. J'etais
l'aine, il etait juste que je les defende; ils ne connaitront jamais,
heureusement, les horreurs de la guerre.
Pere, tu peux etre sur que ton fils n'aura pas eu une minute de
defaillance.
Oh! papa, maman, et vous tous mes freres et soeurs, jusqu'au bout
j'aurai eu vos noms sur mes levres.
Adieu. Vive la France!
Auguste GARROT.
_Lettre ecrite par GAUDARD, quelques mois avant de tomber au champ
d'honneur, dans l'Aisne._
Hagiang, 7 Mars 1915.
Chef de l'atelier de l'Artillerie
HAGIANG (Tonkin)
Mon cher Edmond,
J'ai a Sontay recu ta lettre et n'y ai pas repondu plus tot parce que je
pensais etre rapatrie pour pouvoir prendre part a la guerre. Helas! le
sort m'est contraire et je dois rester a la frontiere de Chine pendant
qu'en France on se bat tout le long de celles du Nord et de l'Est. Et je
ne suis pas seul dans mon cas. Ce n'est vraiment pas gai de se trouver,
apres vingt ans passes de service, a quatre mille lieues de son pays
pendant que celui-ci a besoin de defenseurs. Or, je croyais pouvoir
pretendre me rendre quelque peu utile, mais le sort et le commandement
en decident autrement! Alors, i
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