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et a la profonde amitie de son fils. Non pas adieu, mais au revoir.
TOUSSAINT.
_Lettre ecrite par le Sous-Lieutenant Gustave VEUILLET, 23e Regiment
d'Infanterie, tombe au champ d'honneur, le 26 Aout 1916, a Curlu
(Somme)._
Ma chere Maman,
Lorsque tu liras ces lignes, je me serai, comme tant d'autres, acquitte
envers le pays de la dette sacree; et ce n'est certes que payer un juste
prix l'honneur d'avoir porte le nom de Francais en ces heures sublimes,
en renoncant a certains reves d'avenir. Depuis longtemps, j'avais fait
le sacrifice de ma vie a la noble cause, la plus belle entre toutes,
celle pour laquelle nous avons su souffrir, lutter et mourir.
Elle en vaut la peine. Que cette nouvelle te trouve forte et fiere
d'avoir donne un fils a la Patrie, c'est la mon dernier voeu. Le coeur
des meres est, je sais, bien sensible a de pareils coups, mais je sais
aussi que le coeur d'une Francaise les supporte vaillamment, et tu etais
la maman d'un bon Francais.
Comme j'ai sacrifie ma vie sur l'autel de la Patrie, offre ton heroique
douleur a notre chere France et nous aurons tous deux bien merite du
pays. Songe que la mort est notre lot fatal et qu'il faut la benir
lorsqu'elle concourt a un tel but. Sois assuree que je l'ai affrontee
sans crainte, mon seul souci etant de faire dignement mon devoir. Et je
meurs sans remords, ma tache consciencieusement accomplie, avec la joie
sereine de songer que mon souvenir survivra parmi celui des braves
tombes au champ d'honneur pour que l'humanite fut faite de plus de
justice. Je ne regrette rien de la vie, car j'ai vecu des heures uniques
et sublimes, exemptes de tout calcul et d'egoisme, et je ferme les yeux
sur une vision presque trop belle pour etre humaine.
J'ai vu tomber a mes cotes en un effroyable pele-mele, mais d'un geste
heroique, des heureux de la vie et des pauvres diables, de puissants
cerveaux et de rudes primitifs, qui, apres avoir souffert de longs mois,
fait abstraction de tout, sacrifie fortune, plaisir, famille, ont donne
leur vie pour un ideal d'amour, de justice et de liberte.
Si tu savais comme de tels exemples aident a mourir! J'emporte dans la
tombe le radieux espoir d'une France grande, forte et respectee, avec la
pensee que j'aurai modestement contribue a l'oeuvre de renovation; ma
derniere pensee s'envole vers toi, chere petite maman, et aupres d'Henri
que j'ai beaucoup aime, dans la communion de pensee ou nous reunissait
l'amour pro
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