r on a besoin de Dieu au moment de
mourir.
Adieu, bien chers parents, je vous benis tous.
Votre PIERRE.
_Lettre ecrite par Marcel SARCIRON, blesse mortellement, le 6 Septembre
1914, a la bataille de la Marne._
Ma chere Maman,
A la hate, car le temps presse, une derniere lettre. Malheureusement,
les pourparlers dont je t'avais deja cause ne sont que trop vrais: avant
la fin de cette semaine, il y aura deja de mes camarades qui seront
blesses ou morts, peut-etre serai-je de ceux-la. En tout cas, il faut
que je te dise qu'avant d'aller a la mort, j'ai rempli mes devoirs de
chretien. Monsieur le Cure de Gaillon est venu et j'ai ete me confesser;
nous etions nombreux, plus que je ne l'aurais cru; il m'a remis une
medaille que je garde. Si tu voyais la figure des soldats, tous sont
pales et muets.
A l'heure actuelle ou je t'ecris, on nous informe que nous allons aller
demain a Maubeuge; tu regarderas sur la carte et tu verras que c'est
tout pres de la frontiere; enfin, je pourrai mourir content, car, bien
que nous soyons tous sacrifies, j'aurai fait mon devoir jusqu'au bout,
car je pars fier de servir ma Patrie, pour te defendre, et tu pourras
dire que ton fils aura accompli sans defaillance la tache qu'on lui
imposait, et au dernier moment, je te reverrai, ma petite mere cherie,
et mon cher papa qui a ete pour moi un grand ami. Je vous embrasse de
tout coeur en criant: "Vive la France!"
Votre fils qui vous aime et qui pense toujours a vous.
Marcel SARCIRON.
_P.-S._--Ce matin, les habitants de Gaillon nous ont accompagnes a la
gare, nous ont donne du pain, du tabac; tous pleuraient.
Encore un dernier souvenir a vous deux et je meurs en pensant a vous!
Adieu, mon papa cheri, adieu, ma maman adoree! Je vous embrasse comme je
vous ai toujours aimes.
MARCEL.
_Lettre ecrite par le Sous-Lieutenant Louis SAUVRY, tombe au champ
d'honneur, le 9 Aout 1918 a la prise de Montdidier, a son fils aine,
Aspirant au 61e d'artillerie, sur le front._
Mon bien cher Fils,
Nous voici a la veille de prendre part d'une maniere personnelle et
agissante a la lutte et a notre offensive generale.
Sans trahir aucun secret, nous allons pousser a notre tour par un
mouvement sur notre droite en traversant la voie ferree a trois
kilometres environ de la ville de X... (Montdidier), dans un endroit qui
possede des marecages malencontreux. Mais ce qui se passe a notre droite
et a notre gauche nous deblayera certai
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