ctobre 1915, a sa mere._
Chere Maman,
Si je meurs a la guerre, sache que mes dernieres pensees auront ete pour
le bon Dieu, pour la France et pour toi.
Pour le bon Dieu a qui je demande de me mettre en etat de grace.
Pour la France que j'aurais voulu voir victorieuse.
Pour toi enfin que j'adorai et que j'aurais voulu embrasser avant de
partir.
Ton HENRI.
_Lettre ecrite par le Caporal Leon-Roger MARX, 4e Zouaves, tombe au
champ d'honneur le 27 Juin 1917._
J'ai decouvert la beaute simple de cette volonte de tenir, de resister
a sa sensibilite, de se dominer. Ne crois pas que cela m'ait rendu
plus dur; mais j'ai ete tres content de voir que j'arrivais a ne plus
craindre la tristesse, a ne plus me laisser noyer par elle, comme j'ai
su, et je t'assure que j'en suis fier, n'avoir jamais peur du danger.
Cet equilibre, je voudrais le garder toute ma vie sans pour cela que ma
sensibilite s'amoindrisse....
Ne te frappe pas pour les bonnes annees qu'on a passees si loin;
d'abord, la France est si belle et nous a valu une si admirable
formation morale et esthetique! Enfin, nous apprecierons mieux encore
notre bonheur pour avoir vu et pressenti tant de choses tristes ...
tristes, tu sais.
Cette vie ereintante, je l'ai voulue et elle est celle que je devais
mener.... Je me trouve, ce matin, presque calme et sans tristesse, plein
de force et de clarte en moi. Je pense qu'on est heureux de se sentir
valide, au pied, pour ainsi dire, de son devoir; et vraiment rien ne me
fait peur tant que je me sens fort et comme fier.
_Lettres de Roger MEYER et de Raymond LOUIS, tombes au champ d'honneur,
le 23 Aout 1914, dans une petite maison d'Hanzinelle (Belgique) qu'ils
avaient mission de defendre._
_Quand la mere et belle-mere des deux soldats est allee, en 1919, en
Belgique, pour tacher de parvenir a les reconnaitre, la femme qui
habitait la maison, dans laquelle un obus les a tues tous, a remis en
pleurant a Mme LOUIS un petit bout de papier qu'elle a trouve dans la
poche d'un jupon, en rentrant chez elle apres l'armistice, et sur lequel
etaient tracees les lignes ci-dessous:_
Monsieur, Madame, chers Allies,
Nous sommes 15 petits soldats francais barricades dans votre maison.
Nous y sommes entres precipitamment et force nous a ete de faire
des degats; nous en sommes tres faches pour vous, mais il nous est
impossible de faire autrement. Avant de mourir pour la France, pour la
Belgique, nous vous reit
|