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Chere Mere,
Lorsque tu recevras cette lettre, je ne serai plus sur la terre, ce sera
pour toi une emotion fort grande, mais, je t'en supplie, console-toi,
dis-toi que j'ai fait mon devoir jusqu'au bout et que je suis reste un
bon soldat.
Moi parti, il te reste papa; si nous sommes perdus tous les deux, tu
dois vivre pour les autres et rendre aux malheureux ce que tu aurais pu
faire pour nous.
Je suis convaincu que papa et toi avez fait votre devoir. Puisque
mon corps ne te parviendra pas, va prier pour moi sur la tombe de
grand'mere, ta voix montera vers moi.
L'on te fera parvenir, sans doute, en meme temps que ma lettre, un petit
carnet ou est enregistree l'histoire de la campagne, conserve-le en
souvenir de moi et montre a tes amis les endroits par ou j'ai passe.
Je tiendrais que tu ailles remercier l'amie Madame Medard, religieuse
laicisee de l'Institut Saint-Jean de Saint-Quentin, pour la medaille et
l'encouragement qu'elle m'a donnes avant mon depart, ainsi que le pretre
qui s'est interesse a moi.
Crois bien une chose, c'est que je suis mort en bon chretien, non muni
de l'absolution peut-etre, mais n'ayant jamais oublie la priere du soir
et pensant toujours a toi et a papa.
Je te dis un dernier adieu en t'embrassant bien fort ainsi que ceux qui
restent.
Ton fils qui a toujours pense a toi et a papa,
ROBERT.
_Lettre ecrite par Louis ROBBE, 217e Regiment d'Infanterie, tombe au
champ d'honneur, le 30 Mai 1918, a Terdeghem, pres Cassel._
Aux armees, le 12 Aout 1917.
Bien chers Parents,
Si vous recevez cette lettre, c'est que je ne serai plus de ce monde.
Oh! mes chers parents, croyez que je serai par la grace de Dieu aupres
de lui, et je vous supplie de ne pas pleurer sur moi, car, n'etant sur
cette terre que pour gagner le ciel, qu'importe-t-il que ce soit tot ou
tard, et quelle belle occasion de passer dans l'eternite en combattant
pour la France, qui a certainement commis bien des fautes, mais qui est
malgre tout le royaume de la Sainte Vierge; quoi de plus beau que de
mourir pour elle qui sert quand meme la juste cause?
Je fais ici le sacrifice de ma vie au bon Dieu pour la France, si c'est
sa volonte, et je pars avec le desir de faire tout mon devoir sans
exposer ma vie inutilement, bien entendu, mais de servir entierement
mon pays et aussi je pars reconforte a la pensee que je vous defends
vous-memes, mes chers parents.
Je vous demande bien pardon des peines que j'ai
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