r ma pharmacie de
poche. Mes amities a tous, oncle, etc., Hervaut, Henri, Deschamp, Rene,
Mme Masson, Tallon, etc. Bonne sante a toi et a Maurice, et tous ayez
confiance et courage et ne crois pas aux racontars, et ne te fais pas
de mauvais sang, je vais pour le mieux et le courage ne manque pas. Les
dernieres paroles de papa, le 7 Octobre, ont ete: "Mon fils, sois bon
soldat et fais ton devoir". Mon devoir, je l'ai toujours fait et le
ferai jusqu'au bout, quelque dur et penible qu'il soit parfois. Si papa
me voit, il sera heureux et fier de son fils, qui est pret a donner,
s'il le faut, son sang et sa vie pour la France. Si je reviens, tant
mieux, mais si je tombe, ce sera en faisant mon devoir et tu pourras
etre fiere de moi. Mais je suis plein d'espoir et espere toujours te
souhaiter la bonne annee de vive voix.
Mes baisers les plus tendres, et vive la France! Bons baisers a Maurice,
ecrivez-moi souvent.
PATOUILLART.
_Lettre ecrite par le Marechal des Logis Jean-Germain PATROUILLEAU, 15e
Dragons, tombe au champ d'honneur le 22 Juin 1915._
Mon cher pere,
J'ai recu hier trois lettres, la votre, d'Amelie et de Paul; je
comprends un peu votre anxiete. Ah! je voudrais comme vous que le
tyran Guillaume descendit rapidement au cercueil; en attendant, que
voulez-vous donc y faire!!! Vous ne pleurez plus, me dites-vous, c'est
bien; je n'ai plus de larmes non plus, mes yeux se mouillent seulement a
la vue de vos lettres et c'est tout; je les relis plusieurs fois et
suis plus courageux alors que jamais. La nuit, parfois, lorsque je suis
eveille, je batis des chateaux en Espagne, je me vois parmi vous tous,
en famille ou nous avons tant ri. Eh bien! courage, oui, vous rirez
encore, Dieu me protegera. S'il doit en etre autrement, le sort en est
jete maintenant, vivons dans l'esperance....
Que vous dire de plus, pas grand chose; nous sommes toujours au meme
endroit depuis un mois, nous allons aux avant-postes trois jours et
trois jours en arriere, nous tenons bon le Grand-Couronne ... qui a recu
des milliers et des milliers de marmites allemandes qui font plus de
peur que de mal; les cochons ont attaque furieusement pendant huit
jours; nous etions le bloc intangible, ils avaient pris un peu de
terrain, nous les avons deloges, ils ont fui en laissant quantites de
munitions, de vivres, etc.... Resterons-nous longtemps la, je ne crois
pas, il faudra sous peu, je pense, remettre les pieds en pays annexe,
esperons q
|