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combat de Moronvilliers, le 17 Mars 1917._
Ma chere petite Maman,
Si cette lettre te parvient, c'est que je ne serai plus. Je veux que tu
recoives alors ce dernier adieu. Certes, ce n'est pas tres gai de mourir
a 22 ans, mais tu pourras etre fiere de moi comme je le serai moi-meme.
J'aurai fait mon devoir et pour un israelite c'est deux fois plus beau.
J'aurais voulu vivre pour te rendre heureuse, Dieu ne l'a pas voulu, que
sa volonte soit faite. Je n'ai pas toujours ete un fils modele, mais mes
betises m'avaient servi de lecon et j'aurais voulu te prouver combien je
t'aimais!...
Avec ta pensee, je vais au combat et t'embrasse avec toute la tendresse
et l'affection que j'ai pour toi.
GEORGES.
_Lettre ecrite par l'Aspirant LORMIER, 54e Regiment d'Infanterie
Coloniale, tombe glorieusement au champ d'honneur le 15 Septembre 1918._
Aux armees, le 2 Septembre 1918.
Mon cher Papa,
Nous allons attaquer sous peu. La compagnie est en premiere ligne; si tu
recois cette lettre, c'est que je serai tombe au champ d'honneur, comme
je l'ai toujours souhaite, car c'est la seule mort pour un soldat.
Je ne veux pas que l'on porte mon deuil, car il n'y a pas a pleurer des
l'instant que j'ai termine ma vie en campagne et face a l'ennemi.
Je demande qu'on laisse mon corps la ou je serai tombe, parmi mes
camarades de combat.
Notre attaque sera dure, tres dure, mais je pense qu'elle reussira quand
meme, ce qui permettra de liberer Monastir de ces etres execres que nous
aurons bientot. Ma mort n'est rien si nous avons la victoire et si
le drapeau francais continue a flotter sur tout l'univers comme
precedemment et si je ferme les yeux en voyant l'objectif atteint.
Je te prie de faire savoir ma mort aux parents, aux proviseurs des
Lycees Henri IV et Michelet, ainsi qu'a Madame Magnien, a Bremont, par
Rotter (Saone-et-Loire), et a mon camarade Henri Blin, dont les parents
habitent 27, rue d'Ulm, a Paris (5e). Je te prie, en outre, d'annoncer
au commandant ma joie de tomber a l'attaque, en tete de ma section et en
contemplant le drapeau tricolore sur lequel vos tetes qui me sont cheres
apparaissent a la place des victoires, gravees en lettres d'or, de la
France.
Encore une fois, je ne veux pas que l'on porte mon deuil, car j'ai 22
ans et l'on attaque, c'est-a-dire que j'ai fait volontiers le sacrifice
de ma vie pour la victoire de mon pays et l'ecrasement de l'hydre
germanique.
Nous allons sortir dans pe
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