us m'avez gate et a quel prix! Grand merci de votre petit
soldat plein de reconnaissance. Mille fois pardon pour tous les soucis,
les peines grandes et petites, les larmes que pendant ces vingt annees
je vous ai coutes.... Pardon, je vous aime bien quand meme.
Vingt ans, etre soldat: c'est toute ma fortune en ce moment, et, malgre
moi, de mon coeur a mes levres monte la belle phrase, le beau geste du
zouave de Patay. Mon cher papa et ma bien chere maman, ne vous inquietez
plus si, dans quelques semaines, je tombe frappe en faisant mon devoir;
j'aurai encore le courage de redire et de tout mon coeur:
Mon ame a Dieu, mes vingt ans a la France!...
Je vous aime.
Raphael LAPORTE.
_Lettre ecrite par le Sergent LASCOUX, Francois-Pierre-Joseph, 412e
Regiment d'infanterie, tombe au champ d'honneur, aux tranchees de la
Miette, le 4 Octobre 1915._
Si vous recevez cette lettre, ce sera pour vous apprendre que je suis
tombe au champ d'honneur et tombe en brave et en chretien. Je dis en
chretien, car je suis pret.
Je vous dis, non pas seulement au revoir, mais a Dieu, c'est la que je
vous attends et que je vous donne rendez-vous, sur de vous y retrouver
un jour.
Soumettez-vous entierement a la volonte de Dieu, qui a permis cet
evenement pour le plus grand bien de mon ame.
Regardez Marie au pied de la croix; comme elle, dites le _Fiat!_
Adieu, chere maman, consolez-vous en pensant que votre fils est mort en
faisant son devoir et que sa derniere pensee aura ete pour Dieu, pour la
France et pour sa mere.
Rendez-vous ... au ciel!
Meme rendez-vous a tous ceux que j'aime.
_Lettre ecrite a sa soeur par le Sergent Jacques-Etienne-Benoist DE
LAUMONT, du 66e Regiment d'Infanterie, tombe au champ d'honneur, le 25
Septembre 1915, a Agny-les-Arras._
24 Septembre 1915.
Ma chere petite Amie,
Je t'ecris cette lettre a tout hasard; demain matin, a l'aube, vers les
3 h. 1/4, 4 heures, nous partons a la charge: c'est la grande, peut-etre
la victorieuse offensive, comme nous l'esperons tous, comme nous en
sommes tous surs; nous devons percer et nous percerons, si ce n'est pas
ici, c'est a cote que cela aura lieu.
Or, le 66e a l'honneur d'attaquer et le 1er bataillon en tete (le mien);
je suis fier que le general nous ait juges dignes de cet effort. Le sort
est aveugle et peut me frapper, comme il peut m'epargner; tu peux etre
certaine que, dans l'un comme dans l'autre cas, je ferai mon devoir,
tout mon
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