oup de the pour s'exciter au
travail.
Le jeune medecin habitait une petite maison "modeste, mais jolie", la
_Casa Mezzani_, en face le _Ponte dei Pignoli_. Avec lui vivait son
frere, Roberto Pagello, employe a la Marine, garcon instruit et de belle
humeur, et avec eux, parait-il, logee a cote de Lelia, une enigmatique
personne, Giulia P..., dont l'existence vient de nous etre revelee. Tout
ce que nous en savons est dans une lettre de George Sand a Musset:
Ah! qu'est-ce que Giulia P...? Certainement, M. Dumas dirait de belles
choses la-dessus. On dit dans la maison Mezzani que c'est la maitresse
des deux Pagello et qu'elle et moi sommes les deux amantes du docteur.
C'est aussi vrai l'un que l'autre. Giulia est une soeur clandestine,
une fille non avouee de leur pere. Elle a quelque fortune, et comme
elle a 28 ou 30 ans, elle est independante. Elle a une affaire de
coeur a Venise et vient s'y etablir dans quelques jours. Elle avait lu
mes romans et professait pour moi un enthousiasme de fille romanesque.
Nous avons fait connaissance et elle me plait extremement. Nous avons
donc fait ce plan de pot-au-feu qui me sera, je crois, agreable...
Giulia est une creature sentimentale dont la figure ressemble
effrontement a celle du pere Pagello. C'est une pincee, demi-Anglaise,
demi-Italienne, avec de grands cheveux noirs, de grands yeux bleus,
toujours leves au ciel, manieree avec grace et gentillesse, pleureuse,
exaltee, un peu folle, bonne comme Pagello. Elle chante divinement et
je l'accompagne au piano. Le reste du temps elle fera l'amour ou lira
des romans[116].
[Note 116. _Revue de Paris, loc. cit._, p. 14.]
On se demande ce que devait penser Musset a recevoir ces descriptions de
la Casa Mezzani... Qu'ils y sont donc tous bons, voire excellents!
Mais nous n'avons pas tout dit. Pagello lui-meme, le pacifique Pagello,
se debattait entre ses amantes et ses amies, a en croire G. Sand: "C'est
un don Juan sentimental qui s'est tout a coup trouve quatre femmes sur
les bras." Et elle conte a Musset les scenes de jalousie d'une maitresse
delaissee, l'_Arpalice_, qui a fait chez Pagello une irruption
inattendue "lui arrachant la moitie de ses cheveux, dechirant son _bel
vestito_" et finalement lui faisant craindre, a elle, une _coltellata_
dont s'epouvante la douce Giulia[117].
[Note 117: _Revue de Paris, loc. cit._, p. 14, 15 et 21.]
Elle s'etait donc installee dans ce curieux interieu
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