M. Zola sont, en
effet, plus complexes que les preceptes de ses articles, et le romancier
differe dans une mesure inattendue du polemiste. L'analyse peut
discerner dans son oeuvre des elements disparates, dont certains,
negliges jusqu'ici, completent et modifient la physionomie de l'auteur
des _Rougon-Macquart_.
I
M. Zola n'est pas un styliste, dans le sens tres moderne de ce mot.
Quand il lui faut decrire un objet ou un ensemble, noter un dialogue,
exprimer une idee, il ne tente pas de choisir, entre les termes exacts
possibles, ceux doues de qualites communes independantes de leur sens,
la sonorite et la splendeur comme chez Flaubert, le mouvement et la
grace comme chez les de Goncourt, la rudesse cladelienne ou la noblesse
et le mystere de M. Villiers de l'Isle-Adam. Le vocabulaire de M. Zola
n'a d'autre caractere specifique que l'abondance, qualite appartenant a
tous ceux qui ont fraye avec les romantiques, et, par endroits, un
coloris fumeux. De meme, la facon dont M. Zola assemble ses mots en
phrases est extremement simple, commode, apte a tout. Il procede
d'habitude par l'accolement, sans conjonction, de deux propositions a
sens presque identique, qui redoublent l'idee, l'enfoncent en deux coups
de maillet, et marchent puissamment dans un rythme balance, jusqu'a ce
que soit atteinte la fin du paragraphe, que M. Zola termine
indifferemment par un retentissant accord, finale d'une gradation
ascendante, ou par une phrase surajoutee et superflue qui laisse en
suspens la voix du lecteur. En cette facon d'ecrire aisee, maniable et
large, propre a tout dire et appliquee par M. Zola a tous les usages,
celui-ci polemise, expose, raconte, parlent decrit, enonce l'enorme
masse de petits faits qui lui servent a poser ses lieux, ses personnages
et ses ensembles.
En opposition au procede classique qui decrit en quelques mots generaux,
et au procede romantique, qui decrit en quelques mots particuliers,
conformement a l'acte, de la vision qui est une synthese de mille
perceptions elementaires, M. Zola, avec tous les realistes, forme ses
tableaux de l'enumeration d'une infinite de details resumes parfois en
un aspect d'ensemble. Chaque spectacle est depeint en ses parties
constituantes, marquees chacune par l'adjectif colore qui correspond a
sa perception; puis, en une phrase generale, le tout est repris avec des
termes ou domine celui des caracteres de forme ou de nuance, qui existe
en le plus de parties. Le chef-d'oe
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