on de periodes a
sens identique, les mots propres rapidement epuises auront pour suite
des synonymes de plus en plus indirects, puis des allusions et des
images. La longue ouverture du _Jour des Rois_ ou le poete essaie de
montrer la figure du mendiant, spectateur infime et presque inanime des
incendies allumes par les puissants aux quatre points cardinaux, aboutit
a ces deux vers et s'y resume:
Penche sur le tombeau plein de l'ombre mortelle,
Il est comme un cheval attendant qu'on detelle.
Mais dans l'oeuvre de Victor Hugo, ce symbolisme est souvent autre chose
que la terminaison d'une periode ascendante. Tout symbole est a la fois
une abreviation et une transposition; ce sont la les roles que l'image
remplit chez le poete.
Enchainees et se succedant, les metaphores, par les rudes raccourcis
qu'elles infligent au style, par les sauts de pensee qu'elles
impliquent, donnent a toute piece une grandeur grave, quelque chose de
biblique et d'auguste. Ainsi de ces strophes de _Olympio_:
Les mechants accourus pour dechirer ta vie
L'ont prise entre leurs dents.
Les hommes alors se sont avec envie
Penches pour voir dedans:
Avec des cris de joie ils ont compte tes plaies
Et compte tes douleurs,
Comme sur une pierre on compte des monnaies
Dans l'antre des voleurs.
Ton ame qu'autrefois on prenait pour arbitre
Du droit et du devoir,
Est comme une taverne ou chacun a la vitre
Vient regarder le soir ...
Que l'on note dans cette piece le double emploi des metaphores. Si elles
sont d'energiques resumes, elles substituent en meme temps, a la
description d'etats d'ame, durs a rendre en vers, des visions
imaginables et familieres. Ce passage de l'abstrait au tangible, et de
l'obscur au saisissant est marque avec la plus noble energie, dans la
piece _En plantant le Chene des Etats-Unis d'Europe_, ou le poete, dans
un des plus larges deploiements lyriques qui soient, adjure les
elements, les cieux et la mer, de corroborer le jeune plant mis en
terre:
Vents, vous travaillerez a ce travail sublime,
O vents sourds qui jamais ne dites: c'est assez.
Vous melerez la pluie amere de l'abime
A ses noirs cheveux herisses.
Vous le fortifierez de vos rudes haleines,
Vous l'accoutumerez aux luttes des geants.
Vous l'effaroucherez avec vos bouches pleines
De la clameur du neant.
Que l'hiver, lutteur au tr
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