de la duchesse Josiane nue sur son lit
d'argent, dont les membres se profilent ecarteles sur tout un enorme
chapitre. Enfin toute la bizarre construction des oeuvres de prose et de
vers, resulte de cette dispersion de la pensee, le manque de proportion
d'episodes comme la bataille de Waterloo dans les _Miserables_, l'air
dejete et fruste des romans et des longues legendes, trop etendus et
trop brefs, sans mesure et parfois difformes.
Nous sommes au terme de notre analyse. Comme un mouvement transmis des
roues petites aux plus grandes, puis au volant, qui le renvoie a toute
la machine et la regle par l'allure qu'il en recoit, nous avons suivi
les trois tendances formelles de l'esprit de M. Hugo, des mots aux
peripeties, des peripeties a la psychologie et de la aux conceptions
fondamentales des grandes oeuvres. Nous avons vu comment des habitudes
qui ne paraissaient affecter que le style ont pu etre montrees influer
sur les gros organes de toute l'oeuvre, comment la repetition a
simplifie la psychologie, la tendance a l'image facilite l'acces de
sujets metaphysiques, l'antithetisme determine la composition et
l'esthetique. Il nous reste a penetrer dans ce domaine interne de
l'oeuvre de V. Hugo, dont nous avons deja passe les approches, a
examiner non plus les paroles, mais leur sens, non la rhetorique mais la
matiere meme qu'elle ouvre, non la loi des developpements mais la nature
des idees developpees, le caractere commun et saillant des scenes, des
portraits, des evenements et des conceptions, qui donnent lieu a
deployer des repetitions, des images et des antitheses.
II
Toute personne familiere avec l'oeuvre de M. V. Hugo, aura senti a
certaines parties, que le nombre, l'importance et l'intensite des idees
ne correspond pas a la noble opulence de l'expression. Il arrive que
sous l'imperieux flux de paroles l'on decouvre le cours mince et lent de
la pensee, le pauvre motif de certains passages de bravoure, la
psychologie rudimentaire des personnages, l'impuissance des descriptions
a montrer les choses; l'humanite et le monde reels presque exclus de
cent mille vers et de cent mille lignes, tout ce denument du fond sous
la luxuriance de la forme font de l'oeuvre du poete un ensemble herisse
et creux, analogue au faisceau massif de tours qu'une cathedrale erige
sur une nef vide.
M. V. Hugo a trop souvent recours pour ses fantaisies de style, a cet
amas de pensees vulgaires, simples et fausses, que l'on appelle l
|