opries. Ces scenes, ces
personnages et d'autres sont situes dans le milieu qui peut les rendre
plus significatifs, plus librement developpes. Que ce procede revient a
deranger l'ordre vrai des faits pour instituer d'artificielles
coincidences, il est inutile de le montrer.
Par un moyen inverse en vue d'un effet analogue, M. Zola s'accoutume a
rendre plus marque un acte ou un type en l'accolant a son contraste.
Dans _la Faute_, les deux pretres sont antithetiques comme les deux
parties du livre, dont l'une pose la haine de la nature et l'autre sa
voluptueuse revanche. Dans _Son Excellence_, a la force male de Rougon,
la souple beaute de Clorinde Balbi fait contre-poids. Renee se desespere
du mariage de Maxime au milieu d'un bal. Les amours de Rosalie et de son
soldat sont le pendant grotesque de ceux d'Helene et du Dr Deberle. Le
_Bonheur des Dames_ met en opposition Octave Mouret, l'action, et
Valagnose, pessimiste inactif. Dans l'odeur des boudins que l'on coule,
Florent raconte ses faims de Cayenne. A cote de Pauline, qui represente
la moitie saine de la femme, est placee Louise qui en montre le cote
delicatement maladif. La Maheude, chez les Gregoire, met en contraste le
travail et le capital, l'aisance bourgeoise et la misere des ouvriers.
Ces antitheses necessitent deja le grossissement des personnages
opposes. Suivant ce penchant, M. Zola en vient a assigner a ses
principales figures les caracteres de toute une classe. L'abbe Faujas
est le pretre, et Nana la fille. Le _Ventre de Paris_ met aux prises les
affames et les repus, _Son Excellence_, la force et la luxure. Sans
cesse, par une poussee instinctive qui fait sauter le lien de ses
doctrines et contredit les dehors de son art, le grand poete qu'est M.
Zola tend au demesure, au typique, a l'incarnation, personnifie, en des
etres devenus tout a coup surhumains, les plus simples et les plus
abstraites manifestations de la force vitale. Et sans cesse aussi, ayant
assimile les ames aux elements, le romancier prete, en retour, aux
forces naturelles, de sourdes et inarticulees passions; parle de
l'entetement des vagues et du rut de la terre; fait souffrir une machine
des coups qui la mutilent; assigne a une maison l'humeur rogue de ses
locataires. En cette equitable transposition, qui rend egal un individu
a une energie et un ensemble materiel a un individu, apparait l'instinct
fondamental de M. Zola, pour qui tout etre se reduit en force, et pour
qui toute force
|