er des themes a phrases,
dans tous les cycles de l'histoire et de la legende.
Il s'adresse de meme frequemment a ce fonds commun d'idees humaines qui
a produit a la fois les proverbes, les lieux communs et certaines
indestructibles niaiseries. Sur des themes comme ceux-ci: la nature
revele Dieu; il faut faire l'aumone; l'argent que coute un bal serait
mieux employe en charites; les riches ne sont pas toujours heureux; il
faut se contenter de peu; les malheurs de l'exil; il est beau de mourir
pour la patrie, etc. etc., M. Victor Hugo aime a revenir. Mais ou eclate
avec une singuliere intensite son don de varier a l'infini le plus
rebattu des dires, a faire du baton le plus nu, un thyrse divinement
feuille de pampres, c'est dans la belle serie de pieces traitant ce
sujet: nous sommes tous mortels. Que l'on prenne Napoleon II, le sultan
Zimzizimi, dans les _Contemplations_, Claire, et ce chef-d'oeuvre
_Pleurs_ dans la nuit; ces pieces enormes, tristes de la farouche ironie
des prophetes juifs, tintant le glas de toutes les grandeurs mortelles,
donneront la mesure extreme d'une forme grandiose, et d'une idee banale,
d'un theme adventice, pris n'importe ou, laisse tel quel, sans addition
originale, mais mis en splendides images, developpe en imperieuses
redites, violemment heurte par le choc des antitheses, deploye en larges
rhythmes, manie et remanie par une elocution prodigieuse.
En toute occasion, M. Hugo en demeure a des idees vulgaires ou
absurdes. La creation de la femme lui apparait comme le travail d'un
potier, celle d'une sauterelle comme l'oeuvre d'un forgeron. Il proteste
contre le suicide, qu'il qualifie de lachete, et soutient, contre toutes
les statistiques, que l'abolition de la peine de mort et la diffusion de
l'instruction diminuent la criminalite _(Quatre vents de l'Esprit_, pag.
87 et 97). Les remords de conscience lui paraissent aussi anciens que le
crime. Toute la science humaine (_l'Ane_) se resume en des livres vieux,
poudreux et baroques. Il explique le rictus des cadavres par la joie des
morts de rentrer dans le grand tout, et la position des yeux des
crapauds par leur desir de voir le ciel bleu. Il est inutile d'ajouter a
ces exemples. Banal et superficiel en des matieres generales, M. Hugo,
dans un domaine particulier, digne par excellence
d'investigations,--l'ame humaine--a de meme abonde dans l'irreel et le
vulgaire.
Sur ce point, les declarations du poete sont explicites. Dans la preface
d
|