difie son oeuvre
par ces atomes artistiques indefiniment associes.
Pour la partie la plus etendue de son ensemble de romans, M. Zola
emprunte ces elements a la vie reelle, et les reproduit tels que sa
memoire et ses sens et les ont percus et emmagasines. Les livres de M.
Zola, comme ceux de tout grand realiste, possedent une verite
superieure. Constamment construits par un minutieux detaillement de
faits, d'anecdotes, d'observations, de notes prises sur les lieux, et de
spectacles reellement vus, ils tendent a donner de la vie une image
adequate, aussi complexe, aussi variee, abondante en contrastes, sans
que le choix, l'_ideal_ personnel de l'auteur restreigne le rayon de son
observation et resume la vie et les ames en des extraits fragmentaires.
C'est la la veritable difference entre un roman idealiste et un roman
realiste[7]. Les faits des recits de M. Barbey d'Aurevilly sont et
peuvent etre chacun aussi vrais que ceux d'un roman de Balzac. La
difference est que l'un ne peint qu'une sorte de personnages, n'eprouve
de sympathie artistique que pour un cote de l'ame humaine, et un genre
de catastrophes, tandis que l'autre de sa vaste et souple cervelle
embrasse le monde en tous ses aspects, reflechit, affectionne et
reproduit toutes les ames, respecte leur complexite et donne d'une
societe a une epoque, une image qui lui equivaut.
En ce sens, que des personnes peu habituees a l'analyse trouveront
subtil, les romans de M. Zola sont vrais. Ils arrivent a representer
l'homme, ses habitudes, sa nature, ses penchants et ses passions,
completement, sans choix ou presque ainsi.
La _Fortune des Rougon_ contient a la fois une serie de faits sur la
lachete stupide de quelques bourgeois, et une fraiche et sanglante
idylle d'amour. La _Conquete de Plassans_ regorge de contrastes, du dur
abbe Faujas a la molle femme qu'il domine; tout un village grouille dans
_la Faute_ entre deux ecclesiastiques opposes, une fille idiote et
pubere; et la charmante ensorceleuse du Paradou. Le _Ventre de Paris_
regorge de physionomies et de caracteres. La Cadine, Lisa Quenu, Gavard,
M. Lebigre surveillant les conspirateurs de son arriere-boutique, les
marchandes, de Claire Mehudin, en sa grace sommeillante, a la bilieuse
Mme Lecoeur, Pauline et Muche galopinant sous l'oeil acere de Mlle
Saget, constituent un magnifique et divers ensemble de creatures toutes
humaines. _Son Excellence_ et la _Curee_ renseignent sur le Paris des
demolitions, conti
|