s souffles noirs qui sonnent du clairon,
Une sorte de vie effrayante a sa taille.
La tempete est la soeur fauve de la bataille....
Et voila le poete lance pendant plusieurs pages a decrire le fantastique
combat des ruines contre les nuees.
Ce meme procede cumulatif, cet effort redouble a mille detentes, M.
Victor Hugo le porte dans le portrait physique ou moral de ses heros:
Il y avait de l'illisible sur cette figure. Le secret y allait
jusqu'a l'abstrait.... Dans son impassibilite peut-etre seulement
apparente, etaient empreintes les deux petrifications, la
petrification du coeur propre au bourreau, et la petrification du
cerveau propre au mandarin. On pouvait affirmer, car le monstrueux
a sa maniere d'etre complet, que tout lui etait possible, meme
s'emouvoir. Tout savant est un peu cadavre; cet homme etait un
savant. Rien qu'a le voir on devinait cette science empreinte dans
les gestes de sa personne et dans les plis de sa robe. C'etait une
face fossile ..., etc.
De meme sont ecrits les portraits du capitaine Clubin, de Deruchette et
de Gilliatt, de la duchesse Josiane et d'Ursus, de Javert, de Fantine et
de Thenardier. Des personnages de son theatre, aux heros de la _Legende
des Siecles_, aux femmes et aux enfants qui traversent certains poemes,
tous sont ainsi peints au decuple, saisis une premiere fois d'un coup,
repris, traites a nouveau, enclos de mille contours semblables et
deviants, obsedes et retouches par une main sans cesse retracante. De
meme pour la psychologie des personnages que M. Hugo concoit comme des
etres nus et simples, qui manifestent leur passion ou leur nature par la
repetition d'actes semblables. Enfin qu'il s'agisse de l'effronterie
d'un gamin ou d'une vue d'ensemble sur la vie monastique, de la manie
d'un ancien capitaine a pronostiquer le temps, ou d'une redoutable crise
de conscience, du spectacle funebre d'un pendu epouvantant ses
commensaux ailes des soubresauts dont l'anime le vent dans la nuit sur
une plage, ou d'une consideration historique sur la Convention, de
plaintes sur la mort ou d'exultations sur la vie, M. Hugo est
essentiellement l'ecrivain de la redite, de la repetition, de la
variation. De haut en bas, du sublime au fantasque, dans tous les sujets
et a travers toutes les emotions, il est celui qui ne peut exprimer une
seule pensee en une seule phrase.
Nous avons deja note qu'au cours d'une pareille ascensi
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