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peuplent peureusement l'absence de clarte.
Certains faits contradictoires ne sauraient alterer la valeur de cette
induction. Les chapitres realistes des _Miserables_, ne nous sont pas
inconnus, tels que la plaidoirie singulierement navrante et comique et
vraie du pere Champ-Mathieu, indigne dans sa stupidite d'etre pris pour
le forcat Valjean, ni tout l'episode du petit Picpus, les notes precises
sur l'existence des religieuses, la bizarre conversation entre le pere
Fauchelevent et la mere Superieure, ni cette excellente figure de M.
Gillenormand, ni celle de Thenardier fourbe et feroce. Le faux Lord
Clancharlie est historiquement vraisemblable, et de toutes les heroines
de theatre, la reine Marie Tudor, se distingue par des passions humaines
concues en termes vrais. Dans certaines poesies meme, comme
_Melancholia_, les miseres sociales paraissent decrites et deplorees
veritablement. Mais ce ne sont point ces parties eparses et sinceres qui
peuvent caracteriser l'oeuvre de M. Hugo. Elles montrent que
l'organisation intellectuelle de ce poete n'est pas absolument denuee
des proprietes qui constituent le talent d'artistes d'une autre ecole.
Elles ne prevalent point contre les faits universels et
caracteristiques, les tendances generales et excessives que nous avons
reconnues en cette etude, dont les resultats se resument comme suit:
En un style fait de repetitions, d'antitheses et d'images, M. Hugo drape
des idees soit banales, vulgaires, prises au hasard et partout, soit
paraissant, comparees aux objets, plus simples, plus grandes et plus
vagues. Cette nullite, cette simplification et ce grossissement du fond,
sont unis aux proprietes caracteristiques de la forme non par des
relations de causes a effets ou d'effets a cause, mais par un rapport
indissoluble qui permet de considerer ces deux ordres de faits comme
resultant a la fois d'une cause unique. En effet, toute la richesse du
style de M. Victor Hugo s'associe de telle sorte a la simplicite de ses
idees, qu'il reste indecis s'il use de son elocution prodigieuse pour
dissimuler la faiblesse de sa pensee, ou si celle-ci s'interdit toute
activite depensee en belles paroles. Le grossissement est joint a la
simplicite soit pour la cacher, soit parce qu'un objet vu incompletement
est vu plus en saillie; il aboutit necessairement a la repetition
ascendante des mots, comme celle-ci au grossissement des idees. Le vague
et le mystere de la pensee conduisent a l'emploi de
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