physionomie
morale commencent a affleurer.
III
Le cas psychologique de M. Zola est singulier. Nous possedons en lui un
artiste composite chez lequel se melent en un rare assemblage, les dons
du realiste et certains de ceux de l'idealiste, sans se nuire, sans que
les uns annulent, refoulent ou subordonnent les autres. La cooperation
des facultes exactes et de celles qui portent le romancier a alterer la
realite est facile et fructueuse en des oeuvres homogenes dans
lesquelles l'analyse seule distingue des disparates. Cette association
intime de tendances diverses porte a leur attribuer une cause commune,
et peut-etre une seule hypothese sur le mecanisme intellectuel de M.
Zola, suffira a rendre compte des procedes et des emotions apparemment
contraires que nous avons separees dans son oeuvre.
On peut imaginer un esprit enregistreur, eminemment apte a percevoir par
les sens, a retenir et a se figurer les mille manifestations de la vie
decrivant les objets, les physionomies et les caracteres de la facon
dont ils apparaissent par le detaillement de leurs parties et
l'enumeration de leurs actes; parvenant, grace a une accumulation de
notes internes, a avoir d'une nation a une certaine epoque une
connaissance aussi complete que celle dont nous avons marque les
limites. Cet esprit, anime comme presque toutes les ames humaines, de
l'amour des conditions utiles a son espece, arriverait naturellement a
les abstraire de ses experiences, a eprouver ainsi pour la sante, la
raison, la sensualite, la force, un attachement admiratif, a ressentir
une sourde exaltation toutes les fois qui lui arrivera de parler d'un
paysage luxuriant et estival, d'une foule fluctuant, de l'obstination
volontaire de ses heros, de la volupte conquerante de ses femmes, de
n'importe quel grand receptacle de force deletere ou non, mais agissante
et dynamique. Il est permis d'admettre qu'un esprit parvenu a ces
sympathies, comparant leur objet--de pures idees--aux miserables
elements dont il est extrait--la realite--se prenne de tristesse et de
mepris pour l'imperfection et l'hostilite des choses, se sente irrite
contre les vices mesquins et les vertus compromises des creatures
vivantes, parvienne au pessimisme colere qui caracterise toute l'oeuvre
de M. Zola.
Cette hypothese est seduisante mais vraisemblable en partie seulement.
M. Zola ne possede aucune des qualites secondaires qui permettraient de
lui attribuer de grandes aptitudes a la genera
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