brule de toutes les fievres et de
toutes les cupidites, est sans cesse suivi des adjectifs "grele, ruse,
noiratre", comme Renee, possede cette "beaute turbulente" qui concentre
la physionomie ardemment avide de joie, et les passions a subites
sautes, de celle dont les faits d'egarement tiennent tout le volume. La
force d'Eugene Rougon, la noble beaute de Mme Grandjean, la seduction
d'Octave Mouret et la douce fermete de Denise, sont ainsi empreints en
une effigie, marques par des faits et resumes en une phrase. Ce dernier
procede, qui ressemble fort a celui des phrases-themes de Wagner, ayant
le tort d'enserrer en formule constante un etre variable, est elimine
d'habitude de la figuration des personnages de second plan parmi
lesquels se trouvent les etres les plus vifs que M. Zola ait produits.
La Mme Lerat, de l'_Assommoir_, le sous-prefet de Poizat, le louche et
gai boheme Gilquin, Lantier pale, lent et ravageur, le marquis de
Chouard, Trublot, sont tous admirablement saisis et jetes dans la vie
commune, parlent et agissent avec des facons, des physionomies uniques.
La meme maniere realiste caracterise chez M. Zola les ensembles ou les
personnes agissent dans des lieux. Le salon de M. Rougon dans la
_Fortune_, et le campement des insurges la nuit, dans Plassans, l'abbe
Mouret et frere Archangias courant les Artaud, les luttes exasperees de
Florent contre les poissardes de la Halle commandees par la dynastie
Mehudin, toutes ces scenes parfaitement localisees se passent fait par
fait. Rien de plus realiste que, dans _Son Excellence_, Eugene Rougon
disgracie, demenageant de son cabinet au milieu des interessees
condoleances de ses creatures, ni de plus visible que le debraille
lascif de l'hotel ou Clorinde Balbi pose nue la Diane. L'_Assommoir_ est
tout entier en magnifiques ensembles, de la bataille du lavoir a la
noce, du large repas de la fete de Gervaise, a cette magistrale ribote
ou Lantier conduisant Coupeau au travail, l'egare en une interminable
suite de bibines, de la forge Goujet a la cellule capitonnee de l'asile
Saint-Anne. _Nana_, _Pot-Bouille_, le _Bonheur des Dames_, la _Joie de
vivre_, sont de meme brosses en larges scenes, traversees de gens
visibles constitues eux-memes de lineaments, de notes biographiques, de
menues perceptions de mouvements et de couleurs. Du haut en bas de son
esthetique, M. Zola est l'assembleur de petits faits, qui compose ses
caracteres d'actes, ses descriptions de details, et e
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