parente
sterilite, ou des plaines uniformes fatigantes de richesses materielles
pour l'oeil du voyageur desinteresse, elle a aussi, dans les plis de ses
montagnes, dans le mouvement de ses collines, et dans les sinuosites de
ses rivieres, des grandeurs reelles, des oasis delicieuses et des
paysages enchantes. Tout le monde connait maintenant les endroits
pittoresques frequentes par les savants et les artistes, l'apre
caractere des sites bretons, les splendeurs etranges du Dauphine, les
riants jardins de Touraine, et les volcans d'Auvergne, et les herbages
splendides de Normandie, etc.
Le centre de la France est moins connu et moins frequente. Le Berry, le
Bourbonnais et la Marche sont comme des noyaux qui envoient le
rayonnement et ne le recoivent pas. Une partie de ces populations
emigre, et rien n'attire vers elles. Bourges, la ville centrale de la
nationalite francaise, est une ville morte, sans activite expansive,
sans autre individualite que la force d'inertie qui caracterise les
vieux Berruyers. Il ne semble pas qu'un point central puisse etre un
point d'isolement. Il en est pourtant ainsi. La stagnation des habitudes
et des idees est remarquable dans cette ancienne metropole et dans les
populations environnantes.
A part les monuments de Bourges, qui sont d'un grand interet, nous ne
conseillerons d'ailleurs a personne d'aller chercher par la les delices
de la promenade. Si l'on traverse le Berry, il faudra eviter aussi le
navrant pays de Brenne et les froides plaines d'Issoudun et de
Chateauroux. Ceux qui voyagent en poste ou en wagon ne verront jamais
de cette region que ce qu'elle a de morne et de stupefiant. Pourtant, si
l'on se dirige en chemin de fer jusqu'a Argenton, et que l'on veuille
descendre, en voiture ou a cheval, le cours de la Creuse pendant deux
lieues, on arrivera dans cette partie du bas Berry ou il faut
necessairement aller a pied ou a ane, mais dont le charme vous dedommage
amplement des petites fatigues de la promenade.
C'est une gentille et mignonne Suisse qui se creuse tout a coup sous vos
pieds, quand vous avez descendu deux ou trois amphitheatres de collines
douces et d'un large contour. Vous vous trouvez alors en face d'une
dechirure profonde, revetue de roches micaschisteuses d'une forme et
d'une couleur charmantes; au fond de cette gorge coule un torrent
furieux en hiver, un miroir tranquille en ete: c'est la Creuse, ou se
deverse un torrent plus petit, mais pas beaucoup plus sage
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