ui n'ont jamais paru, et qui
disparaitront entierement, faute d'une initiative ministerielle! La
speculation ne fera jamais ce travail de recherche consciencieuse, et
jamais ne s'exposera au risque le plus insignifiant pour deterrer les
tresors oublies.
Quoi qu'on en dise, il y a pour les arts, comme pour tous les progres,
des travaux que l'Etat seul peut entreprendre et diriger, tant que les
artistes et les industriels n'auront pas de veritables corporations.
Mais nous voici bien loin de notre sujet; rentrons-y en disant que les
paysans sont de grands enfants et de vrais fous, peut-etre; mais qu'il
n'y a pas de vraie poesie sans un certain dereglement d'imagination et
beaucoup de naivete.
Le sujet n'est pas epuise, il est peut-etre inepuisable; car chaque jour
amene une revelation, et arrache a ce vieux monde de superstitions, qui
dure encore au fond des campagnes, un aveu de ses croyances, de ses
terreurs, de sa poesie.
Un de mes compatriotes berrichons, M. Laisnel de la Salle, a publie dans
ces derniers temps (dans le _Moniteur de l'Indre_) une serie
d'excellents articles, qui, reunis en volume, constitueront une
histoire speciale de cette face de la vie rustique et proletaire: les
_Traditions, Prejuges, Dictons et Locutions populaires_ de nos
localites. Cet ouvrage n'est pas un resume de fantaisies, c'est une
recherche consciencieuse de faits acquis a la croyance ou a l'habitude
generale de nos hameaux et petites villes; ce n'en est pas moins un
travail qui amuse et interesse sans fatiguer l'esprit un seul instant.
Nous avons trouve avec plaisir, dans un des chapitres de ce livre, une
mention explicative du _grand Bissetre_, dont nous avions beaucoup
entendu parler sans pouvoir deviner son origine, bien simple cependant.
Mais les explications simples arrivent, on le sait, quand on est las de
tirer par les cheveux les commentaires extravagants, et je n'en avais
fait que de ceux-la.
"Aux environs de la Chatre, dit notre auteur, le peuple croit qu'une
sorte de genie malfaisant (qu'il appelle le _grand Bissetre_) preside
aux evenements qui ont lieu dans les annees bissextiles. On dit que,
lorsqu'une femme accouche dans l'annee ou le _Bissetre saute_ elle met
immanquablement au monde une fille ou deux jumeaux, et reste sept ans
sans avoir d'enfants.
"A Dijon, en ces sortes d'annees," dit la Monnoye, "le vulgaire pense
que _Bissetre cor_ (court), et qu'ainsi on ne doit rien entreprendre
d'important."
"Bis
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