ons connu. Bonsoir, cher ami; a vous de coeur toujours.
G. S.
[1] Ce Breuillard etait un inconnu de province qui avait publie contre
George Sand un ecrit diffamatoire.
CDXLII
A MADAME ARNOULD-PLESSY, A PARIS
Nohant, 9 decembre 1858.
Ma bonne, bonne fille,
Vous faites tout ce qu'il est possible pour cette sainte et chere
martyre[1]. Si cela n'arrivait pas assez vite, donnez, de ma part, ce
qu'il faut pour attendre, en meme temps que vous donnerez pour vous, et
sans lui en parler. Cela, aura l'air d'etre ajoute par le ministere au
premier envoi. Ah! quelle situation! quelle douleur! On n'ose pas penser
a soi-meme quand on pense a _elle_! Pourtant c'est un grand chagrin pour
nous aussi. Nous l'aimions tendrement, lui [2], cet excellent coeur uni
a un si charmant caractere et a une si noble intelligence! C'etait un
vrai ami, sans langueur et sans oubli dans son affection. Il ne se
passait guere de mois sans que je visse arriver sa bonne ecriture ronde
et courante: des lettres courtes mais pleines, et parlant de sa femme
avec une telle adoration! Pauvre femme qui devait mourir avant lui!
C'etait toute sa crainte, a lui. "Tous les chagrins, tous les deboires,
disait-il, pourvu qu'elle vive!"--Il est mort, et elle ne vivra pas!
Il faut bien croire que Dieu sait ce qu'il fait et que cette mort si
redoutee des hommes est une recompense quand elle n'est pas la fin d'une
expiation, couronne pour les bons, chaine detachee pour les coupables.
Oui, vous avez raison de prendre la paix pour devise, et pour ideal.
Mais ne l'esperons guere en ce monde, et meritons-la dans l'autre. Vous
etes bonne, ma chere Sylvanie[3], vous courez a ceux qui souffrent et
pour eux. Vous meritez d'avoir sur cette terre plus de bonheur que toute
autre et je vous garantis que vous en trouverez au moins dans votre
coeur.
Je vous embrasse tendrement.
Voudrez-vous remettre ma lettre a cette pauvre femme, quand vous jugerez
qu'elle lui fera plus de bien que de mal?
Mes enfants vous aiment.
G. SAND
[1] Madame Bignon, qui s'etait fait connaitre au theatre sous le nom de
madame Albert.
[2] Bignon.
[3] Nom de bapteme de madame Arnould-Plessy.
CDXLIII
A M. CHARLES PONCY, A TOULON
Nohant, 17 decembre 1858.
Cher enfant, j'ai envoye tout de suite votre lettre a Patureau.--Vous
faites bien de lui dire tout ce qui peut le decider a rester;
|