re dialecte, que je ne connais
pas du tout, mais qui doit avoir aussi ses beautes. Je sais bien, moi,
que j'aime beaucoup mieux le francais que nos paysans parlaient il y a
trente ans, et que quelques vieillards de chez nous parlent encore bien,
que le francais academique.
Nous avons un temps affreux, des torrents d'eau, des coups de vent a
tout deraciner, mais pas de froid, et des lors on travaille. J'ai fait
deux ou trois romans depuis ceux qui ont ete publies, et une comedie.
Tout cela ne fait pas de l'aisance. Mais le travail improductif au point
de vue materiel n'en est pas moins le travail, l'ami de l'ame, son plus
fort soutien. Maurice ne retirera peut-etre pas quatre sous de son tour
de force, et il y a mis de sa sante, car il est tres fatigue. Mais la
passion de piocher n'en est pas affaiblie, et cette passion-la, c'est la
recompense. Il n'y a de sur en ce monde que ce qui se passe entre Dieu
et nous.
Bonsoir, mon cher enfant. Merci encore merci cent fois pour votre
affection et celle de votre chere famille. On a deja bu a votre sante a
tous, moi avec mon eau, qui n'est pas une insulte, puisqu'elle est pour
moi le vin le plus delicieux.
A vous de coeur.
Le pere Aulard est dans la joie de votre sonnet. Gare a vous! il va vous
en pleuvoir qui ne seront pas aussi jolis. Patureau a recu et medite vos
lettres. Mais, tout bien pese, et grace a l'espionnage dont on continue
a l'obseder, il est bien decide a aller planter des patates en Algerie.
Le prince, qui est tres bon, lui donne une petite somme pour couvrir les
premiers frais d'etablissement. D'ailleurs, il n'est pas probable que
l'on permette a ce brave homme de rester ici. On refuse a tous les
autres de rentrer, meme temporairement.
[1] Angelo Beolco, dit le _Ruzzante._
CDXLV
A MADAME ARNOULD-PLESSY, A PARIS
Nohant, 29 decembre 1858.
Oui, certainement, ma belle et bonne, ce que vous avez pense et ecrit,
n'importe sur quoi, m'interessera toujours vivement. Envoyez!
J'ai recu de madame Bignon une lettre digne d'un ange. Elle a un desir,
c'est de faire publier par souscription les cinq pieces que son mari a
faites et qui ont du merite, je les connais. Elle me demande de faire
une preface, je suis tout a elle.
D'autre part, Emile Aucante (qui me dit, par parenthese, que vous avez
ete excellente pour lui, ce dont je vous remercie) pense que cette
souscription ne sera pas couverte. Je ne crois pas qu'i
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