i les a ecrites; enfin,
quand on n'y laisse rien qui puisse compromettre ou affliger personne,
et c'est ici le cas. Il est dit aussi qu'en cas exceptionnel, on peut se
trouver dans la necessite de se defendre. Je vois que la loi, qui n'a
rien voulu fixer absolument, est tres sage et que les decisions sont
dictees par le sentiment de la morale et de la delicatesse, _selon les
cas_. Je ne craindrais donc pas, des a present, de publier ces lettres,
si mes convenances personnelles m'y poussaient. On pourrait certainement
me faire un proces; mais je serais certaine de le gagner. Il faudrait
seulement pouvoir lancer brusquement la chose avant d'en etre empechee.
La chose faite, avec la reserve, l'annonce meme, dans une preface, que
si, les heritiers de l'ecrivain _non nomme, reconnaissent le style
et veulent voir les autographes_, on leur abandonnera le profit avec
empressement, je doute qu'ils pussent faire interdire la vente. Je crois
que cela peut se faire par moi pendant ma vie, ou apres, par disposition
testamentaire. Si c'est pendant ma vie, je ne nommerai personne et le
public n'en comprendra que mieux. Si c'est apres ma mort, on pourra
nommer.
Que vous semble de mon idee? Je consulterai M. Delangle et d'autres, et
je vous dirai leur avis.
J'irai voir votre gamin avec plaisir.
A vous de coeur.
G. SAND.
CDXLIX
A SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLEON (JEROME), A PARIS
Nohant, 25 aout 1859.
Chere Altesse imperiale,
Je vous remercie de coeur: avec vous, on est oblige si vite et si bien,
qu'on est deux fois plus touche et reconnaissant.
Oui, je devine tout ce que vous ne me dites pas, et j'ai souffert pour
vous. Mais le temps eclaire toutes choses et justice se fera.
Pourtant, j'aurais ete bien heureuse de vous voir et j'aurais besoin de
causer avec vous pour reprendre esperance et courage a propos de cette
pauvre Italie. J'ai une peur affreuse des conferences diplomatiques et
de ces fameuses _puissances_, qui se croient le droit de trancher
des questions de vie et de mort pour un peuple qu'elles regardaient
tranquillement mourir et qu'elles n'ont rien fait pour aider a
renaitre,--tout au contraire!
Vous avez une consolation: c'est que votre mission en Toscane a porte de
bons fruits; l'admirable unite des voeux, exprimes si noblement et si
habilement aussi, a recu de vous, j'en suis sure, une bonne impulsion
et de sages conseils. Nous vous sommes peut-etre redevable
|