souci de ce qui me
touche; merci mille fois!--Je ne connais pas le pamphlet Breuillard[1].
Maurice et mes amis ont dit qu'il fallait poursuivre et j'ai ete de leur
avis, en leur entendant dire qu'il y avait la injure personnelle et
calomnie a la vie privee.
Mais je ne voulais que la reparation necessaire a tout individu attaque,
dont le silence pourrait etre regarde comme un aveu des turpitudes qu'on
lui prete. D'autres amis ont cru qu'il fallait faire plus de bruit,
appeler a mon aide un grand avocat, avoir dans les journaux la
reproduction de son plaidoyer, etc. Je m'y suis refusee d'abord parce
que, _dans l'espece,_ la reproduction est interdite, m'a-t-on dit, et
que le retentissement n'aurait pas eu lieu; ensuite parce que c'etait
plus de bruit qu'il ne fallait, meme en restreignant ce bruit a la
localite. J'ai prie mes amis de se consulter entre eux. Ils l'ont fait,
ils m'ont donne raison, on m'a designe l'avoue et l'avocat. Ceux-ci ont
accepte le mandat offert; maintenant, si j'ai eu tort, il n'est plus
temps d'y revenir.
Que vous dire de moi, maintenant, a propos de theatre? je ne sais pas.
C'est un jour oui, et un jour non. Ai-je du talent pour cela? je ne
crois pas; j'ai cru qu'il m'en viendrait, je medis encore quelquefois,
sous mes cheveux gris, qu'il peut m'en venir. Mais on a tant dit le
contraire, que je n'en sais plus rien, et que j'en aurais peut-etre en
pure perte. Si les auteurs sont rares et mauvais comme vous le dites,
c'est peut-etre bien la faute du public, qui veut de mauvaises choses,
ou qui ne sait pas ce qu'il veut. Montigny m'ecrivait dernierement: "Que
faut-il faire pour le contenter? si on lui donne des choses litteraires,
il dit que c'est ennuyeux; si on lui donne des choses qui ne sont
qu'amusantes, il dit que ce n'est pas litteraire." Le fait m'a paru
constant dans ces dernieres annees. On se plaignait de voir toujours la
meme piece; mais toute idee nouvelle etait repoussee. Que faire? N'y pas
songerai ecrire quand le coeur vous le dit. C'est ce que je ferai quand
meme.
Mon pauvre Maurice vient d'etre tres souffrant, moi par contre-coup.
Nous revoila sur pied, lui au physique, moi au moral.
Je lis la _Correspondance_ de Lamennais. Qu'est-ce que vous en dites, de
ce premier volume? Moi, j'ai besoin de faire un effort pour voir l'homme
de bien et de coeur a travers cet ultramontain passionne. Et pourtant
c'est bien le meme homme place a un autre point de vue que celui ou nous
l'av
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