onvulsionnaire, dut de nouveau en creer
un semblable aujourd'hui, devrait-elle se contenter de reproduire
identiquement le jeu de scene qui lui a valu jadis un succes? Nullement,
car les idees que nous avons aujourd'hui sur les nevroses sont
sensiblement differentes de celles que nous avions il y a vingt ans. On
s'est beaucoup occupe de cette question; les journaux l'ont agitee, ont
rendu compte avec force details des nombreuses experiences faites avec
eclat sur l'hysterie; et l'idee que nous nous faisons actuellement d'une
convulsionnaire a des formes plus nettes et plus accusees. L'actrice
devra donc proceder a une nouvelle mise au point, ajouter a son
jeu d'autrefois et le mettre en harmonie avec l'idee actuelle des
spectateurs, avec discernement, d'ailleurs, et sans exageration, car les
idees humaines n'ont que de lentes evolutions. Mais enfin tel trait
qui, dans son jeu, eut paru extravagant il y a vingt ans, paraitrait
aujourd'hui vrai et naturel. Ce n'est pas la realite cependant qui a
change, mais l'image ideale qu'en possede l'esprit des spectateurs.
On voit en quels sens divers le talent d'un comedien peut toujours
progresser par l'observation; c'est un art qui n'est jamais immobile,
mais qui se renouvelle constamment et qui, dans son evolution, suit les
evolutions des idees humaines.
La methode de travail du comedien se resume donc en deux points:
premierement, determination des traits generaux de l'image qui est la
synthese ideale d'un ensemble de phenomenes particuliers et reels;
deuxiemement, retour frequent a l'observation de la nature, afin de
decouvrir si l'examen compare des phenomenes ne lui fournira pas
quelque caractere commun jusqu'ici neglige ou inapercu, ou si, dans les
presentations fortuitement frequentes d'un phenomene, la reapparition
d'un trait particulier ne l'eleve pas a l'importance d'un trait general.
Ce deuxieme point est extremement delicat, car il est toujours tentant
d'ajouter quelque chose au jeu de ses predecesseurs ou de ses emules; et
c'est presque toujours par exces que pechent les comediens, par suite de
l'attention que plus que tout autre ils apportent a l'observation des
phenomenes. Quand, dans le jeu d'un comedien, un trait parait contraire
a la nature, on peut presque toujours etre certain que ce trait a
cependant ete observe et pris sur la nature par le comedien, dont
l'erreur a uniquement consiste a lui attribuer un caractere general
qu'il n'avait pas, et par consequent
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