._--Le theatre de Victor
Hugo.--_Lucrece Borgia._--_Ruy Blas._--_L'Ami Fritz._--Transport
d'effet: _les Rantzau._--_Les Rois en exil._
Le premier resultat de cette revolution esthetique a ete de proscrire
l'orchestre des theatres. Aujourd'hui, il a completement disparu de la
Comedie-Francaise, de l'Odeon, du Vaudeville et du Gymnase. Il n'a garde
sa place que dans les theatres voues encore au melodrame et dans ceux ou
l'on cultive les genres mixtes qui tiennent de l'operette et de l'ancien
vaudeville. La disparition de l'orchestre entraine cette consequence
que, lorsque la musique doit jouer un role dans une piece, ce sont les
personnages eux-memes qui sont les executants, soit qu'ils chantent
avec ou sans accompagnement, soit qu'ils jouent d'un ou de plusieurs
instruments. Quand je dis que les personnages sont les executants, il
faut ajouter que souvent ils ne sont que les executants apparents, ce
qui suffit naturellement si l'acteur, qui est cense chanter ou jouer,
n'est pas sur la scene, mais ce qui aujourd'hui ne serait guere admis
quand l'acteur est en scene. On le tolere encore quand il s'agit d'un
instrument a cordes, lorsque, par exemple, dans le _Mariage de Figaro_,
Suzanne accompagne sur la guitare la romance que chante le page; mais
une actrice qui ne serait pas musicienne ne saurait en general prendre
un role comportant l'execution d'un morceau de piano, tel que celui de
Mlle de Saint-Geneix dans _le Marquis de Villemer_. Dans _Barberine_,
le role peut etre tenu par une actrice n'ayant pas de voix, puisque
Barberine chante hors de la scene et peut etre remplacee par une
cantatrice. Il en est a peu pres de meme du role de Francois Ier dans
_le Roi s'amuse_.
Le role de la musique dans l'action dramatique est multiple, mais tend
toujours a produire un effet d'accord ou de contraste, et a mettre en
evidence les sentiments les plus secrets et les plus profonds de l'ame
humaine. Nous allons passer en revue quelques exemples qui feront
ressortir clairement l'emploi que les auteurs modernes ont fait de la
musique, soit dans le drame, soit dans la comedie. Prenons les effets
les plus simples, d'abord, ceux qui resultent uniquement du caractere
de la musique, et de son rapport avec le sentiment d'un personnage. Au
premier acte du _Monde ou l'on s'ennuie_, lorsque le sous-prefet et sa
femme sont introduits et se trouvent seuls dans le salon de la duchesse
de Reville, la jeune sous-prefete s'approche du piano ouver
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