omme un coup d'archet; mais nous devons voir ici
le phenomene dans sa generalite et nous sommes fondes a dire que, dans
le langage parle, les sons, en dehors des idees qu'ils expriment,
ne nous causent que des sensations musicales tres legeres, et par
consequent ne determinent en nous que des sentiments tres fugitifs. Au
contraire, dans le chant, l'effort que fait le chanteur pour tenir le
son a une hauteur exactement musicale determine en nous un ebranlement
nerveux identique et correspondant et fait vibrer notre etre a l'unisson
de celui du chanteur. Ainsi quand la voix passe du langage parle au
chant, l'auditeur passe d'etats non persistants et tres legerement
sentis a des etats persistants et profondement sentis.
Cela etant bien compris, voyons quel etait jadis le role de la musique
dans les representations dramatiques. Deux genres faisaient alors un
emploi constant de la musique, c'etait le melodrame et le vaudeville. Le
melodrame est un drame dont les situations pathetiques sont annoncees,
soutenues et renforcees par la musique. C'est l'orchestre seul qui fait
ici l'office de multiplicateur. Quand la situation est de nature a faire
eprouver au spectateur un sentiment quelconque, l'orchestre s'en empare,
ajoute a la sensation eprouvee toute la puissance musicale, determine
dans l'etre du spectateur un ebranlement nerveux, jette l'ame dans un
trouble profond et la tient sous l'empire d'un sentiment assez intense
pour qu'elle ne puisse se soulager que par les larmes du poids qui
l'oppresse. Telle est l'esthetique du melodrame. La musique y vient
donc en aide au pathetique; mais, point important a noter, elle reste
completement en dehors de l'action. C'est un moyen d'agir sur le systeme
nerveux du spectateur, qui ne fait pas partie integrante du drame; et
si, par impossible, on pouvait concevoir un rapport entre un courant
electrique et les ondulations nerveuses correlatives de nos sentiments,
on pourrait parfaitement dans les melodrames remplacer l'orchestre par
une pile electrique.
Dans le vaudeville, l'union de la musique et de l'action est plus
intime. Un vaudeville, est une comedie melee de couplets. La musique
y fait encore, comme dans le melodrame, office de multiplicateur et
d'amplificateur. L'orchestre souligne les situations qui tournent au
sentiment, facilite aux acteurs le passage du langage parle au chant,
et en les accompagnant renforce leur puissance d'action sur l'ame du
spectateur. Quant aux person
|