tion d'effets. C'est a l'agacement progressif
de Jacques que le public aurait du participer, et non pas au concert qui
n'a par lui-meme aucun charme musical et qui n'est qu'un ressort ayant
precisement le defaut d'etre trop apparent. Ce qui doit toujours
etre mis au premier rang, sous les regards des spectateurs, c'est le
personnage sur qui doit s'exercer l'action musicale.
Je ne puis resister au desir de citer un bel et dernier exemple, tire
d'une piece toute moderne et essentiellement parisienne, _les Rois en
exil_, que des susceptibilites politiques ont arretee trop tot pour le
plaisir de ceux qui sentent l'interet artistique qu'offrent tous les
ouvrages de M. Daudet. C'est jour de grande soiree chez la reine
d'Illyrie; sous l'apparence d'un bal, il s'agit d'une reunion politique
ou vont se prendre des resolutions viriles. On attend le roi, celui en
qui se resume les esperances de tout un parti. Soudain sur l'escalier
d'honneur, suppose en dehors de la scene, eclate la marche nationale
illyrienne. Au son de cette musique guerriere, tous les courages
s'affermissent; les coeurs se haussent et volent au-devant de ce roi
qui s'apprete a tirer l'epee pour ressaisir sa couronne. C'est l'entree
triomphale d'un heros, d'un conquerant, du representant et du sauveur de
la monarchie. Tout ce que les accents de cet hymne national remuent chez
la reine et chez ses fideles de beau, de patriotique, de chevaleresque
evoque dans l'imagination des spectateurs une figure noble et sans
tache, une sorte d'archange royal pret a couper les sept tetes de la
Revolution de son epee flamboyante. C'est apres quelques instants
remplis d'une ardente esperance, sous tous les regards du public et sous
ceux de la reine deja anxieuse, que parait enfin le roi. L'effet
est foudroyant, implacable. Christian, le regard terne, la demarche
legerement avinee, entre, inconscient de l'ecroulement definitif de sa
fortune royale, hebete au milieu d'un desastre que rien ne peut plus
conjurer. L'effet de contraste est irresistible, entre ce viveur
fatigue, ce protecteur de filles, protege lui-meme par des usuriers, et
la figure de roi que la marche nationale illyrienne avait annoncee et
paree d'avance d'une heroique majeste.
Apres ce dernier exemple, il ne nous reste plus qu'a ajouter quelques
mots de conclusion sur ce sujet. Il ne serait pas impossible que
l'introduction de la puissance musicale dans le drame moderne eut pour
cause initiale une influence germ
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